Ils sont 23 anciens salariés de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) à déposer plainte contre leur entreprise, la société Mayotte Channel Gateway, gestionnaire du port de Longoni. « Nous voulons faire valoir nos droits », invoque Attoumani Mari Ben Atchou, Comptable et Délégué syndical CGT. Le nombre de grèves illimitées sur le motif du non respect des protocoles signés commençait à relever de la parodie. N’étant pas entendus, les salariés ont décidé de porter l’affaire en justice.
Ces agents travaillaient déjà au port du temps où la CCI en était le gestionnaire. Depuis, le 3 septembre 2013, le Conseil départemental, propriétaire du port, a délibéré pour octroyer la délégation de service public à la SNIE d’Ida Nel, créant ensuite l’entité MCG pour gérer le port. Ironie de l’histoire, c’est la même Ida Nel qui avait signé en 2010, lorsqu’elle était présidente de la CCI, l’application de la Convention Collective Nationale (CCN) Unifiée Ports et Manutention. Qui la refusait par la suite à ces agents, « entrainant la suppression de leurs primes ou leur réduction », mentionne l’avocat des salariés dans sa requête. Il faut dire qu’aucun écrit n’avait cadré le transfert des contrats de la CCI à MCG, et donc, leurs conditions.
Succession de préavis de grève
La présidente de MCG dénonçait plus globalement par la suite cette convention dans un courrier auprès de la Direction du travail, en modifiant notamment le code APE déterminant le champ d’activité de son entreprise. Dans la foulée, un premier préavis de grève illimité était déposé le 6 janvier 2014, par les syndicats CGT Ma et FO. Il sera suivi par beaucoup d’autres, les protocoles de fin de conflit successifs n’ayant pas été respectés, selon les syndicats.
Un des avocats des salariés, Me Benachour, évoque également le conflit avec la SMART, lors de la tentative de reprise de la manutention pour le compte de MCG, « en violant encore les termes de sa délégation de service public ».
Pour en revenir au cas d’Attoumani Moussa, il touche de nouveau sa prime de transport, mais « n’a pas perçu l’entière compensation de sa perte de revenus pendant 4 ans. » Le 5 février 2018, il se voyait notifier une mutation disciplinaire « sanctionnant sa participation à la grève », souligne l’avocat. Surtout, depuis le début de l’actuelle grève, le 23 octobre 2017, il n’a rien perçu, « comme douze autres salariés », souligne-t-il, en se demandant comment il allait rembourser la CGT qui fait l’avance des frais de justice.
Un premier courrier de mise en demeure a été envoyé à MCG le 20 mars 2018, « resté lettre morte », rapporte l’avocat, pour demander que « leurs contrats de travail soient exécuté loyalement ». Ils ont donc saisi le tribunal du Travail.
A.P-L.
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