Le Conseil Économique, Social et Environnemental de Mayotte (CESEM), enregistre « avec satisfaction » l’adoption d’un « Plan de rattrapage et de développement » pour Mayotte, notamment grâce à une nouvelle méthode de « déconcentration de ses services », matérialisée notamment par la délégation interministérielle.
Dans un premier vœu (Vœu pour un plan de de développement économique et social à Mayotte), ces représentants de la société civile, qui accusent par ailleurs dans une autre motion les élus de manquer de réactivité, demandent plus de décentralisation : « Alors que la République est décentralisée depuis la réforme constitutionnelle de 2008, les forces vives ne peuvent plus résister aux exigences d’une décentralisation d’autant plus indispensable qu’elle est génératrice de davantage de responsabilité électives et de ressources financières pour nos collectivités territoriales ». Encore faut-il avoir des élus capables de les assumer.
D’ailleurs, ils évoquent « des manquements et des insuffisances en matière de formation professionnelle », la preuve que ce secteur à compétence du conseil départemental n’est pas assuré. Qui serait comblé par « un échange annuel de fonctionnaires avec les collectivités publiques métropolitaines ». Pour accélérer la décentralisation, ils demandent un calendrier des transferts de compétences et des ressources compensatoires.
Au rapport !
Ils appellent à inscrire ce Plan de rattrapage dans le contrat de projet Etat-Mayotte (2014-2020) en y associant les fonds européens et dans la loi programme pour l’égalité réelle outremer.
L’immigration clandestine fait l’objet d’un second vœu (Voeu sur l’immigration illégale et ses impacts sur la délinquance juvénile) des élus du CESEM, pour souligner « l’importance des déséquilibres qu’elle engendre dans le développement économique, social et environnemental de l’île », demander un renforcement des moyens de lutte, « matériels, financiers et humains », et solliciter un réexamen minutieux et objectif de la responsabilité de l’Etat à l’égard des mineurs étrangers séjournant à Mayotte.
Surtout, il explique que le code général des collectivités territoriales prévoit que « chaque année, le représentant de l’Etat doit présenter un rapport spécial sur l’activité des services de l’État dans la collectivité ». La lutte contre l’immigration irrégulière en fait partie, un exercice « omis depuis plus de 10 ans à Mayotte », ce qui « empêche sciemment tout contrôle de l’action de l’Etat en la matière. »
Pas invité
En conclusion, et dans une motion (Motion relative à la non participation du Césem aux négociations), le Conseil économique et social de Mayotte se réjouit du dialogue engagé par la ministre des outre-mer lors de son déplacement sur le territoire, mais déplore de ne pas avoir été invité aux discussions à Matignon le 19 avril, pas plus que « la société civile qui a conçu et réalisé l’actuel mouvement de protestation ».
L’assemblée se félicite d’un côté, de « l’engagement du Gouvernement à rétablir progressivement la sûreté et un climat propice à un retour au vivre ensemble », et d’un autre, trouve « très regrettable que la revendication sécuritaire de la population n’a pu faire l’objet d’annonces crédibles à ce jour ».
Porte parole de la société civile de part sa composition, le CESEM espère à l’avenir être associé aux travaux de recherche et de formulation des solutions aux problèmes soulevés par les Mahorais, « le traitement de l’insécurité et les mesures de lutte contre de l’immigration illégale et de développement économique, social et environnemental de Mayotte ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com