Et toujours les revendications statutaires au centre d'une manifestation le 8 mai

On approche de l'annonce du plan de rattrapage mi-mai, et les leaders maintiennent la pression. Une manifestation est prévue le mardi 8 mai à l’initiative de l’Intersyndicale et du Collectif motivée par « le refus du gouvernement à s’engager sur le département de Mayotte » qu'ils voient comme une preuve de largage du territoire. Une pétition en ligne est lancée.

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Les leaders de la mobilisation attendent un peu plus de volontarisme de la part de l’Etat au lendemain de 2 mois de blocage. Ils dénoncent d’un côté la méthode du gouvernement, « diviser, identifier les sujets dociles à toutes épreuves, écarter les déclencheurs d’alerte et faire passer la pilule sous les ovations », et accusent de l’autre leurs élus de faiblesse, « manque de préparation » pour la réunion à Matignon, et « manque d’ambitions fortes pour leur territoire », avec un bilan de 3 mesures sur les 101 acquises, « les citoyens du 101è département n’auront pas de rêves, tel est le message à retenir ».

Les faits leur donnent raison : une crise de longue haleine avec l’Union des Comores qui bloque toute reconduite alors même que c’était un des deux thèmes centraux de la mobilisation, et côté sécurité, malgré la densification des force de l’ordre, des cambriolages perdurent, comme au lycée de Coconi, et ce sont les associations de quartier qui veillent à la nuit tombée.

Des critiques qui visent aussi le rythme des naissances, une « cadence des 30 bébés de mères clandestins par jour », et s’en prennent de nouveau au service d’immigration qui « régularisent le flot d’illégaux ». « Ici, dans le 101ème département, la République est en démarche ».

Le fantôme de la Communauté de l’archipel

Le rond-point des 4 îles à Moroni

Bien que les ministres Collomb et Girardin l’aient rappelé à plusieurs reprises, ainsi qu’Edouard Philippe, « Mayotte restera département », les manifestants veulent voir dans cette frilosité d’investissement dans le territoire, un plan organisé, « un projet mûrement réfléchi et planifié dans sa mise en œuvre dont nous entrons dans sa phase finale. En effet, les accords franco-comoriens engagés depuis 2013 n’ont comme seul et unique objectif, la prise en main progressive de Mayotte par l’État Comorien et réparer une erreur historique. »

On reparle de la Feuille de route dont avaient été écartés les Mahorais l’année dernière, mais sans en citer précisément tous les termes, puisque ce document prévoit des concessions mutuelles. Et les révélations du Monde évoquant un projet de la Communauté de l’archipel des Comores, ne sont pas pour rassurer. A force d’apprendre les informations a coup de fuites, aucune confiance, n’est possible.

Une pétition

C’est donc un nouveau combat pour Mayotte française qu’ils comptent mener, illustré par les deux mois de « sacrifice consenti par la population », lors des blocages. « La seule et unique victoire que nous comptabilisons est la reconnaissance par l’Etat de son inaction, enfin ! »

Une pétition « Il faut sauver le 101ème département de Mayotte« , a été lancée en ligne par la journaliste Estelle Youssouffa. Elle s’adresse au président de la République et reproche de basses manœuvres : « En catimini, des hauts diplomates français travaillent au rapprochement des Comores et Mayotte en se basant sur les liens culturels et familiaux historiques, pour construire un statut hybride de co-souveraineté Franco Comorienne à Mayotte ».

Une mobilisation des énergies pour refuser ce qui est vécu ici comme un risque de largage malgré les propos ministériels, et qui pourrait être accompagné de l’organisation d’un référendum par les leaders sur ce sujet identitaire. Nourri par l’incompréhensible durée du blocus des reconduites mené par des dirigeants comoriens qui ne montrent pas une telle célérité dans le développement de leur pays.

A.P-L.
Lejournaldemayotte.com