A 15 jours de la publication du Plan de rattrapage, certains syndicats ne veulent plus faire partie du combat sous sa forme actuelle : « Nous réfléchissons à le porter autrement », nous explique Saïd Hachim, un des rédacteurs de la Plateforme de propositions. Syndiqué à la CFDT, il juge que les syndicats pourraient être accusés de porter des « combats corporatistes » qui nuiraient au mouvement. Une sorte de « 2011-bis », qui pourrait servir des intérêts personnels, un risque dans lequel il ne veut pas même mettre un doigt, « je ne peux dormir qu’avec une ‘conscience raisonnante’ ».
Une conscience mise à mal par d’autres faits, en provenance de collectifs : « Face aux blocages des reconduites par les Comores, certains ont envisagé de reprendre des décasages. On ne peut pas légitimer cela, on s’attaque à des innocents, je leur ai expliqué dimanche ». Une des seules fois où Saïd Hachim prendra la parole lors de ces réunions hebdomadaires.
Un toilettage qui froisse
Mal à l’aise, il l’est également vis à vis du toilettage institutionnel, « le projet de toilettage du président du conseil départemental ne reprend pas les contours de celui qui était proposé par Ibrahim Aboubacar au départ. » Ce qui gêne surtout, c’est la re-nommination du territoire qui pourrait perdre son étiquette de « département ». Dans une période de forts doutes sur les intentions de l’Etat, la pilule passe mal, « personne n’a vu ce texte de toilettage qui engage quand même institutionnellement tout le territoire. » Un gouvernement aurait en effet été sanctionné pour moins que ça…
Si la CFDT est à l’origine de cette sécession, « j’ai convaincu Balahache », FO pourrait aussi réfléchir à une autre forme de mouvement, nous explique-t-il, bien que son leader, El-Anziz, ne soit pas sur le territoire. Il reste à connaître la position de la CGT de Nahouda.
Cela ne change rien à la forme, puisque les interlocuteurs de Matignon restent les élus, « que l’on arrive jamais à rencontrer pour faire le point sur les dossiers ». Inquiétant, lorsqu’on sait que certains ne maitrisent pas lesdits dossiers. Justement, sur le fond, et sans unité, il va être difficile pour une partie des syndicats de proposer une réponse construite au Plan de rattrapage qui sera proposé mi-mai. « Nous réfléchissons d’ici à la fin de semaine à la façon de porter le combat », conclut Saïd Hachim.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com