Pour faire taire les tensions entre les jeunes des différents villages et afin de permettre la cohésion sociale, c’est encore une fois le football qui est sollicité. Repérés par les associations de village comme étant « des jeunes isolés », ces derniers se sont vus offrir lors de ce tournoi de football l’occasion de sortir, de s’amuser et de mélanger les quartiers et les villages au sein d’une même équipe. Dont parfois des éléments considérés comme perturbateurs, « nous suivons certains dans le cadre de la prévention spécialisée », expliquait une animatrice de la Croix-Rouge. L’enjeu de la journée n’était-il pas de casser ce genre de représentation ?
Le rôle de la police est d’« œuvrer pour la paix » affirmait Thierry Lizola membre du bureau de prévention, de partenariat et de communication de la police nationale à Mayotte. « La police, dit-il, n’est pas seulement une force de répression, elle peut aussi aller vers la jeunesse pour partager des moments festifs ». En écho, Soilihi Ramadani Toumbou, dit « Rama », Animateur de réseaux solidarité au Secours Catholique-Caritas France, animateur de l’événement pense que « les jeunes vont voir la police sous un autre jour, il fallait créer une ouverture. » L’objectif est qu’ils témoignent de leur expérience auprès d’autres jeunes et que cela fasse tâche d’huile.
Apaisement dans un contexte mouvementé
Pensée depuis plusieurs mois, retardée par les mouvements sociaux, une rencontre entre les jeunes et les forces de l’ordre était plus que nécessaire. L’association Secours Catholique-Caritas France organisait l’événement ce lundi 7 mai, en partenariat avec la police nationale, la Croix-Rouge, l’association Bandrajou de Kawéni. Plus de 100 participants jeunes et adultes, policiers et bénévoles se sont retrouvés sur le stade du Baobab de Cavani, pour apaiser les tensions qui font tourner la tête du 101e département français.
Mettre en place une opération d’apaisement n’est pas sans risque, surtout après les récents faits de violence qui ont eu lieu entre les bandes rivales du chef-lieu. Avant la mise en place de l’événement, des entrainements de préparation ont été faits au préalable avec les différents jeunes. Lors d’une séance de préparation à l’événement les jeunes de Koungou se sont dits plus que réticents à rencontrer ceux de Tsararano, « ils ne voulaient pas se parler au départ, puis peu à peu, ils ont échangé et ont fini par passer de bons moments ensemble », relate l’animatrice de la Croix-Rouge.
Certes aujourd’hui ce n’était peut-être pas un match de classico comme avant-hier soir entre le FC Barcelone et le Réal Madrid qui s’est joué au terrain de foot de Baobab, mais les résultats attendus y sont décisifs pour ouvrir un dialogue constructif.
Moussa ATTOUMANI