Bientôt une nouvelle Délégation de service public pour les ports de plaisance

Est-ce l’une des dernières fois que nous titrons sur les pontons du port de plaisance ? Les professionnels ne sont pas les seuls à se lasser, leur principal interlocuteur, la Chambre de Commerce et d’Industrie aussi. Les choses pourraient évoluer rapidement.

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Le ponton de plaisance de Mamoudzou

« Je viens d’avoir un financement européen pour l’achat de mon deuxième bateau, mais je n’arrive pas à obtenir de contrat pour une place au ponton en Petite Terre ! » Jean Gaucher ne voit pas d’issue pour l’extension de son entreprise Naut’île, alors qu’il affirme être en règle de sa redevance. Il évoque une gestion aléatoire des pontons, régulièrement dénoncée, « on ne sait toujours pas si la Chambre de Commerce est légitime pour gérer les pontons, y a-t-il une Délégation de service public ? En tout cas, beaucoup de prestataires n’ont pas de contrat, ne paient rien, mais personne ne les met dehors ! »

Pour y voir clair, nous avons appelé Zoubair Ben Jacques Alonzo, le directeur général de la CCI : « La Délégation de service public va être bientôt relancée, c’est une question de jour. En attendant, le conseil départemental, propriétaire des ports de plaisance de Dzaoudzi et de Mamoudzou, a produit des avenants nous demandant d’assurer la continuité de gestion. Et les tarifs de la place au ponton ont été fixés en conseil portuaire. Il y a donc bien un délégataire et un délégant. Les usagers doivent se mettre en règle et payer leurs redevances. » Le conseil départemental nous confirme la proche publication de cette DSP.

11 mauvais payeurs

Jean Gaucher espère une place au ponton pour son 2ème bateau

Or, sur 116 emplacements, dispatchés entre Dzaoudzi, 40 et Mamoudzou, 76, ils sont 11 professionnels à ne pas payer, « 5 à Mamoudzou et 6 à Dzaoudzi », précise Frédéric Niewiadomski, Maitre de Port de Plaisance. Plusieurs se sont agités en 2017 lorsque ont été lancées les procédures de contentieux, avec lettres de relance, « pour l’instant, nous n’avons pas été jusqu’à l’huissier ». Certains ont obtempéré, « nous sommes passés de 113.000 euros de non perçus en 2017 à 68.500 euros. » Un des récalcitrants a une ardoise de 11.000 euros.

Et Zoubair Ben Jacques Alonzo est catégorique, « vous pouvez l’inscrire en gros dans votre journal, il n’y aura aucun gommage de dettes. Nous travaillons actuellement avec le conseil départemental sur les décisions à prendre contre les mauvais payeurs, mais ils devront partir. »

Ces derniers reprochent une hausse des tarifs brutale il y a quelques années. Il n’était pas encore directeur de la CCI, mais connaît le dossier ponton sur le bout des doigts, « c’est moi qui ai réalisé l’étude de faisabilité du nouveau ponton de Mamoudzou et dimensionné l’ouvrage. Et en effet, après le départ de Serge Castel de la présidence de la CCI, celle qui lui a succédé, Ida Nel, a choisi d’appliquer le prix le plus fort. Entretemps, les charges ont augmenté en achats et salaires, notamment. » Il n’y a donc pas eu de baisse ensuite.

Eau et électricité à discrétion

Zoubair Ben Jacques Alonzo

La CCI ajoute qu’elle ne facture pas l’eau, « comme l’électricité, c’est gratuit. Et certains professionnels prélèvent jusqu’à 1.000 litres par jour, nous avons des factures SMAE conséquentes », rapporte Frédéric Niewiadomski. Certains prestataires sont accusés de faire un chiffre d’affaire « astronomique », et pas toujours déclaré.

Pour son semi-rigide, Jean Gaucher doit débourser 200 euros par mois, « pour un chiffre d’affaire mensuel de 600 euros environ ». Les particuliers doivent s’acquitter de 1.840 euros par an pour une petite embarcation, et jusqu’à 5.000 euros pour les plus de 11 mètres.

Les recettes se montent à 360.000 euros pour la CCI, « mais nous perdons chaque année 70.000 euros. » Or, des travaux de maintenance sont nécessaires, « à Dzaoudzi, le ponton plaisance est sale », se plaint Jean Gaucher. De gros travaux ont été engagés cette année, « pour plus de 80.000 euros », sur le renforcement des chaines de la partie immergée, la réfection des défenses et des taquets.

Jean Gaucher fait partie des bons élèves et souhaiterait un service à la hauteur : « Si on ne revoit pas l’organisation, on peut même craindre une congestion entre les deux pontons marine et plaisance en Petite terre lors de l’arrivée des nouveaux bateaux intercepteurs ! » Des sanitaires mobiles ont été posés, mais il espère mieux.

C’est ce que compte lui offrir la CCI si elle remporte la prochaine DSP avec un beau projet de marina dans les cartons.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com