Neuf mois avec sursis pour un décasage à Handréma

Ce mercredi au tribunal de Mamoudzou, trois habitants du nord ont été condamnés pour avoir décasé une habitante en 2015. Cet événement est considéré comme un "précurseur" des décasages de 2016.

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Trio perdant. Les trois hommes convoqués ce mercredi au tribunal de Mamoudzou semblent sortis d’un film, tant leur attitude les dessert. Le premier, natif de Mayotte, se contredit à plusieurs reprises, accusé de mentir à la barre, il semble s’amuser de la situation au point de ne même pas écouter une question qui lui est adressée. Son comparse, tee-shirt « Nosy-Be » sur le dos, est un natif de Madagascar immigré à Mayotte, qui affirme qu’il ne « veut pas d’étrangers ». Le troisième ne s’est simplement pas déplacé à l’audience. « Je ne vous sens pas trop concernés par votre procès », souligne le président Banizette qui rappelle que les trois prévenus encourent 5 ans de prison ferme.
Les faits remontent à fin novembre 2015. Quelques mois avant la crise des décasages, cet événement a joué un rôle de « précurseur » selon les magistrats. La scène se passe dans le village d’Handréma, au nord. Un habitant est soupçonné par les autres d’avoir « traité avec des clandestins ». Alors qu’il est absent, une centaine de villageois se rendent à son domicile, menacent son épouse, détruisent la porte du banga et en retirent les affaires du couple. Trois ans plus tard, seuls trois prévenus ont pu être formellement identifiés et traduits en justice.

Le président Banizette a annoncé une peine de neuf mois avec sursis

« En clair ce qu’on vous reproche c’est d’avoir fait un décasage » note le président. Selon les déclarations de la victime « des personnes d’Handréma se sont introduites chez moi pour casser mes affaires et me faire sortir, ils m’ont ordonné de quitter le village. » Terrifiée, la victime disparaît de la circulation après son dépôt de plainte, la justice n’a pu la retrouver pour faire valoir ses droits. « On lui avait dit d’arrêter » justifie d’abord le Français, avant d’affirmer que « le groupe n’a rien fait ». « j’y étais, on lui a dit de partir, complète son complice malgache, on n’était pas d’accord pour qu’ils ramènent des étrangers ici. Nous avons demandé de rendre les clés et de partir ». Selon lui, le groupe obéissait à un « chef » qui affirmait avoir prévenu la gendarmerie avant cette action. Mais la déclaration des deux ne convainc pas le tribunal. « Aux gendarmes, vous aviez affirmé que vous n’y étiez pas, pourquoi avez-vous menti ? »

La force du nombre, la contrainte de la peur
Entre les mensonges et les tentatives de se défausser sur ce « chef » qui n’a pas été identifié, les magistrats s’agacent. « Personne n’est entré, personne n’a rien vu, mais la porte est cassée et les affaires sont dehors, grince le procureur Rieu. Des gens l’ont forcée à ouvrir mais il n’y a eu aucune violence… On se sent toujours plus forts quand on est à

Le substitut Rieu

100 contre une femme seule qui n’a rien à se reprocher. Ces messieurs se permettent de déterminer qui a le droit de rester ou pas dans leur village, par la force du nombre, par la contrainte de la peur. La victime a essayé de fuir et a été rattrapée par la foule. A son retour, la maison est fracturée, c’est excessivement violent. Même des policiers n’ont pas le droit de faire ça. Même avec l’accord d’un procureur. Il faut une décision d’un juge. Ce n’est pas de la justice, c’est de la vengeance. S’ils veulent faire de la vengeance privée, à 80km d’ici ils peuvent le faire. »
Notant que « dès qu’il s’agit d’assumer, il n’y a plus personne » il requiert un an de prison dont 8 mois avec sursis envers les trois complices. » Le tribunal a prononcé une peine de 9 mois de prison avec sursis, sans partie ferme, mais en y ajoutant un stage de citoyenneté, qui se fera à la charge des condamnés.

Y.D.

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