« Si j’avais été dans les toilettes, j’aurais été écrasé » témoigne cet enseignant qui a subi de lourds dommages matériels mardi lors de la secousse de magnitude 5,8. Alors qu’il était au rez-de-chaussée de son appartement en duplex à Mamoudzou, son chauffe-eau, situé aux toilettes à l’étage, s’est décroché du mur, causant un important dégât des eaux. Ses voisins se sont mobilisés pour couper l’eau et l’électricité, et l’assurance doit venir évaluer les dommages.
Outre cet habitant encore choqué par l’événement, trois personnes ont été admises aux urgences dans la soirée. Une a reçu un morceau de tôle sur la main, une autre est tombée dans les escaliers et la troisième a fait un malaise.
Ce séisme de magnitude 5.8 change la donne pour le BRGM, bureau d’études géologiques qui assure le suivi des événements sismiques à Mayotte. « Cette magnitude est un élément nouveau pour le BRGM » confirme le préfet Dominique Sorain. Nous avons connu un certain nombre de secousses, souvent de la même intensité. Certaines ne sont pas perceptibles par l’hommes, mais certaines, au dessus d’une magnitude de 4, le sont. »
Selon lui, il est fréquent dans le Canal du Mozambique d’enregistrer des séismes entre 4 et 6. Il est donc « probable » que Mayotte vive d’autres secousses situées dans cette fourchette. Un séisme plus fort que mardi soir serait une première pour la région.
Selon les éléments recueillis ces derniers jours, les scientifiques ont pu établir que les secousses en série que nous ressentons depuis cinq jours sont le fait d’une friction de plaques situées à quelque 10km de profondeur. Ce frottement a entraîné une rupture et la création d’une faille dans le sous-sol, faille qui serait en train de s’étendre vers l ‘est. C’est pourquoi les séismes ont été localisés à 50km puis à 60km de nos côtes.
Quoiqu’il en soit, et pour couper court aux rumeurs, il ne s’agit pas de l’apparition d’un nouveau volcan ni d’un éventuel forage pétrolier, hypothèse qui de toutes façons, n’entraînerait pas de telles conséquences.
Pas de risque de tsunami
« C’est une zone de glissement de plaques qui va jusqu’à la Vallée du Rift au Kénya, détaille le préfet. On est dans une zone de friction, c’est connu et étudié ».
Une friction, et non un phénomène de subduction précise-t-il. Ainsi, il y a des vibrations, mais pas de soulèvement du sol susceptible d’entraîner un tsunami. Ce risque là est donc écarté.
Impossible en revanche de dire combien de temps le phénomène va durer.
C’est pourquoi le préfet a organisé ce mercredi matin une première cellule de crise ou COD à la préfecture, avec des maires et responsables des services de secours. « Ce n’est pas parce que la situation est grave, mais parce qu’elle est préoccupante, explique-t-il. Et parcequ’il y a des inquiétudes parmi la population. »
Pas question dans ces conditions de prendre le moindre risque, c’est pourquoi tous les services d’urgence sont désormais sur le pied de guerre. Le COD se réunira « autant que nécessaire » dans les jours à venir, et la préfecture s’engage à communiquer systématiquement à chaque secousse importante.
Le préfet rappelle aussi que quoi qu’il arrive « un séisme ne se prévoit pas, on ne peut pas dire qu’il y en aura un dans une heure ou dans trois heures, ça n’existe pas, et ça participe à l’inquiétude de la population » poursuit-il, balayant tout message comme ceux partagés la nuit dernière.
La préfecture a aussi mobilisé des experts pour évaluer un certain nombre de bâtiments qui présentent des fissures, dont un à Mamoudzou qui pourrait être évacué. Si vous en constatez chez vous, inutile de mobiliser les pompiers (sauf risque imminent d’effondrement ou blessure), il convient d’appeler la mairie, qui fera venir un expert de la préfecture.
En cas de nouvelle secousse importante, la consigne principale est : « il faut que les personnes restent chez elles et se mettent près des murs porteurs ou sous une table ou un meuble solide ». Ces consignes simples sont celles auxquelles les habitants de pays à forte sismicité sont habitués. Il ne faut pas se précipiter à l’extérieur, au risque de tomber ou de recevoir un débris sur la tête. Si on est déjà dehors, il faut s’éloigner des bâtiments et des arbres.
Et là encore, limiter les appels aux services de secours aux besoins avérés, tels que blessures ou risque d’effondrement imminent, afin de ne pas surcharger les lignes.
Y.D.
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