Le président du Département vient de demander la reconnaissance de l’état de Catastrophe naturelle pour Mayotte, ce qu’explique son vice-président Issa Issa Abdou : « Nous avons adressé à ce sujet un courrier au premier ministre avec copie à la ministre des Outre-mer, en y ajoutant deux autres points : la demande d’envoi d’une mission scientifique pour comprendre l’origine de ces secousses, et la mise en place d’une cellule psychologique pour les habitants dont certains sont totalement désorientés. » Il demande aussi que la catégorie du territoire classé en « risque sismique faible », soit remontée.
La préfecture de Mayotte nous indique avoir effectué cette demande d’envoi d’une mission depuis quelques jours, « elle arrive d’ici la fin de cette semaine », nous confirme Etienne Guillet. Peut-être vendredi. Elle sera composée de spécialistes de la sécurité civile et de scientifiques spécialisés en sismologie a annoncé la ministre Jacqueline Gourault.
La cellule psychologique a été mise en place depuis deux jours, « c’est un psychologue du CHM qui en est chargé, mais nous devons l’étoffer », explique Etienne Guillet.
Nouveau job pour les maires
Quant à la reconnaissance de catastrophe naturelle, c’est aux maires de s’en charger, avec dossiers à l’appui. « Depuis le début de l’essaim de séismes, nous demandons aux particuliers de faire remonter à leur maire les problèmes de structures et autres liés aux séismes, photos à l’appui, pour que ces derniers compilent les données ».
L’état de catastrophe naturelle n’est pas une baguette magique, mais seulement un accélérateur de prise en charge, « les personnes assurées voient le traitement de leurs dossiers réduit à 3 semaines. » Et il n’y a pas de magnitude minimum pour l’obtenir, « seule l’importance des dégâts est évaluée. Un rapport technique est rédigé par les services de l’Etat, en fonction des remontées qu’en font les maires, et du contexte ». Par exemple, le fait que le territoire n’ait jamais connu de séismes à répétition.
C’est ensuite une commission du ministère de l’Intérieur, composée des ministères de l’Ecologie, des Finances, de l’Intérieur et des Outre-mer, qui prend la décision, en fonction du degré de risque et des dégâts constatés. Pas de garantie actuellement qu’elle soit déclenchée, mais, et ce n’est pas à souhaiter, une secousse plus forte et plus proche peut faire la différence.
La cheminée de l’usine sucrière, un abri sûr…
Pour l’instant, la préfecture a dénombré une soixantaine de bâtiments ayant fait l’objet de dégradations liées à l’activité sismique, « principalement sous forme de fissures », et dans 7 communes de l’île, certaines classes, voire des écoles ont dû fermer. Ce qui achève de perturber la scolarité de cette année 2018. A Koungou notamment, deux écoles ont été fermées, sans que les élèves aient pu être pris en charge dans un autre établissement, « le maire doit consulter un ingénieur-structure qui va se prononcer sur l’état du bâtiment », précise Etienne Guillet.
Pour le second degré, Didier Cauret, le directeur de cabinet de la vice-recteur explique la marche à suivre : « Les chefs d’établissement nous alertent pour que nous diligentions un expert, de la Socotec ou du Bureau Veritas, nous prenons la décision de fermer ou pas à l’issue. Pour l’instant, trois salles sont concernées à Dembéni, et quelques problèmes au collège de Koungou, ainsi que depuis ce mercredi des microfissures au plafond au collège de Labattoir, mais un expert doit passer. Nous faisons remonter les informations tous les soirs au ministère. »
Un périmètre de sécurité a été installé autour de la cheminée de l’usine sucrière qui trône tel un vestige au milieu de la cour du collège de Dzoumogné, « mais elle tient bon, alors que d’autres bâtiments plus récents semblent plus fragiles ».
Toutes les constructions doivent respecter les normes parasismiques depuis 2008 à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com