Clôture du Colloque économique : il reste à « mener une stratégie de combat »

Beaucoup de points sont transversaux aux neuf ateliers portant sur les secteurs à développer à Mayotte. Il ne reste plus qu’à bosser : « Si nous avions mis en place les recommandations des Etats généraux en 2009, 50% des besoins alimentaires seraient couverts », lançait le président du CESEM.

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Un constat tout d’abord, dans certains domaines, notamment le nombre d’entreprises moyennes, on a régressé. Un fait qui aurait presque mérité un atelier sur les mouvements sociaux : leur naissance, leur conduite, leur objectif, et leur bilan. A peine ont-ils été évoqués, « au port de Maurice, on raisonne en jours d’inaccessibilité pour raison météo, à Mayotte, on réfléchit en nombre de jours d’ouverture », entendait-on lors de la synthèse de l’atelier internationalisation.

Les neuf ateliers sélectionnés* par le cabinet Mzé conseil sur ces 48h, doivent donner du grain à moudre au conseil départemental lors de la rédaction du Schéma Régional de Développement Economique, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDE2I). Pour mémoire, la Martinique a retenu l’agroenvironnement, l’économie bleue et le tourisme.

Plusieurs constats communs aux ateliers. Tout d’abord, le manque de compétence et de formation, « les filières que nous devons développer pour une meilleure qualité de vie sont l’éducation et la santé, de gros réservoirs d’emplois, mais il faut former du personnel local », souligne l’atelier sur les filières porteuses, « les pêcheurs n’ont pas le brevet de ‘capitaine 200’ requis par la législation », entendait-on à l’atelier sur l’économie de la mer, « il faut développer une ingénierie de projets made in Mayotte », expliquait-on du côté de l’Innovation.

On pourrait tripler le nombre de formations

Nourrir Mayotte, un fort potentiel d’emplois derrière

Or, que dit l’atelier formation : « Il y a un gros problème de commande publique du côté du conseil départemental dont c’est la compétence, elle est en décalage d’une année. Les jeunes habitant en brousse ne sont pas informés, et il y a un défaut de continuité du dispositif. Le degré de formation ne suit aucune logique, alors qu’il faudrait commencer par la lutte contre l’illettrisme, avec un parcours à intégrer à n’importe quel moment de l’année, poursuivre par des préqualifications, puis les qualifications. »

De plus, les dotations en 2018 sont les mêmes qu’en 2008, soit 7 millions d’euros, alors nous sommes prés de deux fois plus d’habitants. « En mobilisant le Plan d’Investissement en compétence de 27 millions d’euros pour Mayotte, et le Fonds social européen, nous pourrions envoyer 9.000 jeunes se former, et non 2.300 comme c’est le cas actuellement ».

Autre transversalité, le déficit de porteurs de projet, notamment dans les filières de production agricoles, mais aussi en algoculture, ou plutôt, le déficit d’un accompagnement, comme avaient souligné dès le premier jour du colloque les professionnels de CréA’Pépites et de la BGE.

Pour maitriser l’ensemble du processus et le pérenniser, il faut dresser un pont entre le Centre universitaire et les autres secteurs, était-il aussi diagnostiqué. Autre point, intégrer des réseaux, qu’ils soient bruxellois pour développer les filières, ou les réseaux d’innovation pour rester « à la page ».

Lutter contre Alzheimer

Abdou Dahalani invitait à porter fermement les recommandations

L’absence d’élus, que ce soit du côté du Département où heureusement Siti Mohamed, en charge des Affaires européennes aura suivi les débats, ou du côté des maires était remarqué, « or, nous avons besoin qu’ils portent cette stratégie territoriale ». Ils doivent le faire avec les professionnels de chaque secteur, interpellait-on, « ils doivent nous associer à l’avenir de Mayotte ».

En forme de bilan, un diagnostic médical pourrait être fait sur la propagation de la maladie d’Alzheimer sur l’utilisation des recommandations de ces ‘brain storming’ : « En 2009, les Etats généraux de l’Outre-mer avaient déjà permis de dégager les mêmes grandes lignes. Nous n’y arriverons pas s’il n’y a pas de portage des thèmes dégagés. Si nous les avions mis en place, 50% des besoins alimentaires seraient couverts », résume Abdou Dahalani, président du Conseil économique et social.

Pas de défaitisme, « la Bretagne était une des régions les plus pauvres de France au lendemain de la 2ème Guerre mondiale », soulignait le SGAR Pierre Papadopoulos. Justement, les bretons du conseil régional étaient présents, et Georgette Bréard, sa vice-présidente, incitait les élus à « mener une stratégie de combat », avec des « actions à lancer en urgence », non sans avoir taclé l’Etat pour le niveau scolaire à Mayotte. « J’envie les élus, ce que vous avez à faire ici est fantastique ! », lançait-elle.

Les éléments compilés ces deux jours donneront lieu à des fiches action, avec déjà à court terme des opérations de formation, et d’agrandissement de flottilles de pêche. « Les 7 orientations définies au début vont remplir les lignes de la prochaine enveloppe de fonds européens », déclarait Guillaume Jaouen, du cabinet Mzé Conseil, organisateur du Colloque.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

* « Développement du capital humain et mobilité », « la création de foncier économique par les ZAE », « Nourrir Mayotte par l’augmentation de la valeur ajoutée locale », « L’économie de la mer », « L’innovation au cœur du développement », « Internationalisation par le maritime, l’aérien et la prospection commerciale », « les spécificités mahoraises à valoriser pour un développement solidaire inclusif et durable », « la stratégie de développement des filières avec un impact fort sur la qualité de vie », et « structuration des filières à fort potentiels d’emploi ».

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