Insidens explique que cette 5ème édition du Baromètre Insidens – Synthèse des résultats 5ème édition Baromètre des déchets confirme une amélioration entamée en 2015 : les habitants donnent en effet un 4/10 à la gestion des déchets sur l’île en 2017 (3,4 en 2016 et 2,5 en 2015). Et pour la première fois, un lien entre état de malpropreté du territoire et matériel de collecte apparait : 75% des habitants estiment que les poubelles ne sont pas en nombre suffisant dans leur commune et ils sont 10% de plus que l’année précédente à penser que la collecte n’est pas effectuée dans les temps.
Il reste difficile pour les habitants de comprendre le décalage entre les efforts déployés sur le terrain et les résultats : « la gestion des déchets laisse encore trop à désirer. Mieux sensibilisés, les citoyens deviennent plus exigeants et veulent voir des changements immédiats ».
« Ce sentiment de propreté grandissant chez les habitants de Mayotte est directement lié aux succès des campagnes de sensibilisation. Pour qu’elles soient efficaces, elles doivent s’adresser à une cible privilégiée : les moins de 30 ans. C’est une reprise en main de la jeune génération sur la vie quotidienne de l’île : ce sont eux qui changeront profondément et durablement les comportements ».
Le tri s’est mis en place
Pour la cinquième année consécutive, les habitants de Mayotte étaient invités à donner leur avis et à partager leurs opinions sur ces problématiques essentielles pour leur qualité de vie et le développement du territoire.
Le Baromètre des déchets© permet d’exprimer les perceptions de la population et est devenu au fil des années, un outil de réflexion pour les acteurs du secteur des déchets à Mayotte (collectivités locales, administrations de l’Etat, entreprises privées). L’objectif est d’ajuster les politiques publiques mises en œuvre aux besoins de la population.
Une conscientisation qui se traduit par la mise en place de nouveaux gestes : Réutilisation, tri, compostage… de nouveaux comportements s’ancrent. Certains déchets (piles, ampoules), ayant fait l’objet de larges campagnes de communication, sont plus volontiers triés.
Une large frange de la population de Mayotte est encore en dehors du scope de la sensibilisation à l’environnement : 55% avouent ne pas avoir été touchés par une seule campagne sur la gestion des déchets et 72% s’estiment ainsi très mal ou mal informés sur cette question. La passivité de certains est donc en partie imputable à un manque d’information. Les campagnes de communication doivent donc être accentuées afin d’atteindre tous les habitants et d’ancrer dans leurs habitudes des gestes éco-citoyens », indique Insidens.
Intensifier la sensibilisation
Qui cite l’exemple des piles, avec des chiffres étonnants, puisque si 58% des personnes interrogées déclarent connaitre l’existence de la filière sélective, elles seraient 74% à déclarer les trier ! 7 habitants sur 10, c’est beaucoup. Ils sont 1.328 à avoir été interrogés* pour cette enquête. Dans certains domaines, on régresse : « En un an, les habitants sont plus nombreux à abandonner sur la voie publique les véhicules hors d’usage (+6%), les pneus (+2%) ou les batteries de voiture (+3%) », peut-on lire dans la synthèse.
Egalement, Le compostage est en légère régression : environ -2%. « Or, cette pratique permet de diminuer les déchets à la source et ainsi réduire les quantités collectées par le service public », comme l’ont constaté beaucoup d’habitants lors de l’arrêt de la collecte pendant le mouvement social.
Pour Insidens, les résultats de cette 5ème édition du Baromètre des déchets© convergent tous vers la même urgence : « celle d’une communication intensifiée faisant un plus grand effort de ciblage ». Si des campagnes ne sont pas inutile, il faut surtout une vraie volonté politique, certains maires sont encore trop laxistes sur les décharges à ciel ouvert qui se déverse en aval, la mangrove de Majicavo Dubaï en est un exemple.
Si Insidens évoque la nécessité d’appréhender les spécificités linguistiques, culturelles et historiques de la société mahoraise pour améliorer l’impact des campagnes de communication, rajoutons qu’il faut aussi trouver la bonne méthode pour toucher les quartiers d’habitat informel (implantation de poubelles, collecte adaptée, dépliants dans les boites aux lettres, diffusions de messages par les mosquées…). Car si certains en sont au tri, d’autres balancent toujours leurs déchets dans la nature.
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com
* Les équipes d’Insidens et de ses partenaires travaillent en synergie depuis cinq ans sur ce projet pour assurer rigueur méthodologique et pertinence territoriale.
1328 personnes ont été interrogées (1167 en 2016, 1360 en 2015, 971 en 2014, 300 en 2013) réparties dans les 17 communes de Mayotte, dont 56% de femmes.