Mayotte, premier outre-mer à soigner ses plaies par télémédecine

Face au danger, Harry Potter avait testé la téléportation... face au désert médical, les patients mahorais vont pouvoir utiliser la téléconsultation. Si leur corps reste bien dans la pièce, les méandres de leurs intestins, estomac, tympans n’ont aucun secret pour des médecins assis à 10.000 kilomètres de là, à Strasbourg. C’est le vice-rectorat qui s’est montré le premier intéressé.

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Évoqué lors d’un mémoire de fin d’étude, le chariot de téléconsultation s’est concrétisé et trône maintenant dans une salle du vice-rectorat par la volonté de Bruno Bonnefoy, Directeur de la mutuelle MGEN Mayotte, de la vice-recteur Nathalie Costantini, « qui a aussitôt sauté sur l’idée », rapporte Noureddine Rokia, le président de la MGEN, un concept appuyé par la Chambre régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS).

« C’est une première dans les DOM-TOM, et en métropole, la circulaire incitant au développement de la télémédecine à partir de septembre vient de sortir, Mayotte est donc en avance », constate Noureddine Rokia qui diagnostique « un contexte démographique médical déclinant, frisant les pays en voie de développement à Mayotte, qui fait de la télémédecine un atout majeur pour les zones déficitaires du territoire. »

Et bientôt en médecine scolaire

Le sourire était sur toutes les lèvres, à la MGEN comme au vice-rectorat

Nathalie Costantini, la vice-recteur, rassure, « ce n’est pas un dispositif qui va se substituer aux médecins, mais qui viendra en complément. » Dans un premier temps, le matériel sera mis à disposition du personnel de l’éducation nationale adhérent à la MGEN, « puis nous allons l’étendre aux élèves, notamment pour les visites obligatoires lors de l’utilisation des machines dangereuses. » Il fallait donc qu’il soit mobile, d’où l’idée du chariot conçu par Hopi médical, pour une technologie conçue par Télémédica. Pour le vice-rectorat, c’est un investissement de 350 euros par mois en location durant la phase expérimentale, puis environ 10.000 euros d’achat à l’issue.

Le représentant des étudiants du Centre universitaire était fana pour se faire porter pâle et jouer les cobayes. C’est l’ingénieur de Hopi Médical Gustavo Acosta, qui se changeait en infirmier pour ce premier test grandeur nature. La connexion avec Strasbourg, le centre de formation des télémédecins, est instantanée, la consultation peut commencer.

Sécurisation du parcours

Une échographie lue en simultanée par le médecin à 10.000 km

L’étudiant souffre de diarrhées chroniques, et après de brèves questions, l’examen commence par une palpation, « les infirmières ont l’habitude de les pratiquer », ‘Gustavo’ aussi de toute évidence, qui se lance dans un check-up quasi complet : les tympans, les grains de beauté, le rythme cardiaque du patient n’avait plus de secret pour le médecin que jouait à distance le président de Hopi médical, même ses reins, grâce à une échographie en direct !

L’ordonnance est délivrée dans la foulée, et une fois imprimée, son code barre permettra au pharmacien d’accéder au Dossier Médical Personnel du patient.

Tous les mercredis, une permanence sera assurée par une infirmière au vice-rectorat, avec la garantie à l’autre bout qu’un médecin soit connecté, « un pool médical sera constitué pour Mayotte, avec la possibilité de recourir au même médecin qui vous a vu la première fois. »

Dans un premier temps, les consultations seront remboursées par la MGEN, puisque sur le plan national, ce n’est qu’à partir du 15 septembre que les consultations de télémédecine seront remboursées par la sécurité sociale.

« Grâce » aux difficultés d’attractivité du territoire, Mayotte se place en pôle position de cette nouvelle ère médicale.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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