Un forum de l'artisanat pour "parler positivement de Mayotte"

Le forum de l'artisanat s'est ouvert ce mardi matin. Cet événement qui monte en puissance depuis six ans subit cette année les conséquences de la crise diplomatique avec les Comores. Des dizaines d'artisans de l'archipel manquent à l'appel faute de visas.

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Beaucoup de nouveautés cette année au Forum de l’artisanat qui se tient toute la semaine place de la République. Si les artisans malgaches et mahorais sont naturellement au rendez-vous, les Comoriens sont les grands absents. Près de quarante artisans invités n’ont pas pu venir « en raison de problèmes de visas », explique Jean-Denis Larroze, directeur général de la Chambre des métiers de Mayotte qui organise le forum. Conséquence directe de la crise diplomatique qui oppose la France aux Comores, plus aucun visa n’est délivré par les autorités françaises. Ce qui ne change pas grand chose en termes d’immigration clandestine est en revanche un coup dur pour le commerce. Ce rendez-vous fixé juste avant les départs en vacances représente une grande part du chiffre d’affaire des artisans de la zone Océan Indien. Seuls deux artisans comoriens, également détenteurs de passeports français, ont pu venir.

Epices et confitures de Mayotte à l’honneur

Mais des bonnes nouvelles accompagnent aussi cette édition. Pour la première fois, la région de Majunga est représentée, ainsi que la Réunion. Deux artisans stylistes ont fait le déplacement à l’invitation de la CMA Mayotte. Une invitation qui a plusieurs objectifs. D’une part développer les partenariats avec le département voisin sur le plan de l’artisanat, d’autre part, favoriser les échanges de savoir-faire entre les stylistes réunionnais et mahorais, et enfin, « on a le projet de créer une grande école de stylisme, couture et cordonnerie à l’horizon 2019, on est en train de préparer le dossier » s’enthousiasme Jean-Denis Larroze.
Les taxis aussi sont des artisans. La coopérative Taxis Vanille en compte une centaine

Ce projet, et la présence des Réunionnais, s’inscrivent dans « une volonté de coopération, il y a cet esprit solidaire et de partage. Les artisans sont aussi là pour apprendre. Par exemple, les stylistes malgaches font leurs patrons à la main, alors qu’à La Réunion, c’est en 3D et sur ordinateur. Les tissus, eux, viennent souvent de Madagascar. S’il n’y a pas d’échanges, on est morts ».
L’échange, c’est aussi ce qui unit la centaine de taxis fédérés sous la bannière « Taxis Vanille ». « Les taxis sont des artisans, rappelle le directeur de la CMA, ils s’organisent pour se moderniser et s’intégrer dans le prochain schéma de transport urbain et inter-urbain. Ils sont une centaine de taxis sur les 600 officiels que compte l’île, à être dans cette coopérative soutenue par la CMA. »
Selon Christine Docteur, une styliste réunionnaise présente sur le salon, ce forum est « très bien, on n’a plus ce genre de rendez-vous à La Réunion ».
Souvenir de Madagascar, pour les visiteurs de Mamoudzou

Mais parce que le bien est l’ennemi du mieux, la CMA veut voir plus grand. « On monte un dossier européen pour l’année prochaine, reprend Jean-Louis Larroze, qui vise à faire mieux. On aimerait que ça devienne une manifestation européenne, qui ait de la gueule. On veut que ça devienne une foire de référence et qu’on parle positivement de Mayotte. La CMA envisage même pour l’année prochaine « une grande tour Eiffel » sur la Place de la République.
L’état du bitûme aurait gâché les photos de l’inauguration…

Néanmoins pour que l’événement « ait de la gueule » pour les années à venir, et attire les dizaines de milliers de visiteurs que la CMA espère ajouter à la fréquentation actuelle, d’autres chantiers sont à prévoir.
Ainsi le cordon bleu-blanc-rouge de l’inauguration a-t-il dû être déplacé de quelques mètres en raison des trous dans le macadam et de détritus au sol qui auraient à coup sur gâché les photos. Les organisateurs ont dû eux-même déverser un total de 5 mètres cube de gravas pour boucher les trous au niveau des stands. Sans parler de la vaste mare qui s’obstine à compliquer l’accès à la barge à la moindre pluie.
Alors on a déplacé le ruban de quelques mètres

Mais positivons. Si d’ici un an, les trous n’ont pas été rebouchés, peut-être que la tour Eiffel incitera les visiteurs à lever les yeux.
Y.D.

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