Les crises répétées dans les outre-mer signe d’une souffrance et d’une inadaptation de la politique menée par la métropole, a débouché sur l’organisation de nouvelles Assises (chaque président de la République aura tenté d’impulser une dynamique), et sur la rédaction d’un Livre bleu synthétisant les axes de développement de chaque territoire. 25.000 personnes y ont participé à travers 5.000 ateliers organisés dans les Outre-mer et via des consultations internet.
Lors de sa présentation ce jeudi, le président Emmanuel Macron a prononcé un discours d’empathie à l’adresse des 11 outre-mer français, conclu sur un « Je vous aime », voulu comme un Diderot écrivant à son amie Sophie Volland. Le président s’adressait à ces remuants territoires ultramarins en les qualifiant d’Archipel de France, dans une volonté inclusive.
Sans surprise parmi les priorités communes aux territoires, c’est l’emploi qui vient en tête, « mais pas de l’emploi public qui concerne un actif sur deux dans certains territoires ». Les entreprises seront aidées à hauteur de 400 millions d’euros, et en particulier les Très petites et petites, ainsi que la Banque Publique d’Investissement qui sera « renforcée ». Le programme d’investissement dans les compétences mobilisera 700 millions d’euros pour l’Outre-mer. La ministre des outre-mer avait expliqué que le plan Mayotte aux 53 mesures serait le fil rouge pour notre territoire.
Le Département de Mayotte s’engage sur la maîtrise des dépenses
Cette dynamique passera par une « responsabilité partagée », et notamment par la signature par certaines collectivités d’un « Contrat de maitrise des dépenses ». Le conseil départemental de Mayotte en fait partie, le président Soibahadine Ramadani le signera vendredi après-midi.
Vient ensuite l’ancrage régional, notamment par deux grands bassins, l’Amérique et l’Indopacifique, sans oublier l’océan Indien. La mobilité vers l’Hexagone sera facilitée, « mais aussi la mobilité au sein de la région », a complété le président Macron.
La croissance verte et bleue passera, notamment pour cette dernière, par « une stratégie de la mer revisitée », annoncée pour les prochains mois, « nous oublions que nous sommes la deuxième puissance maritime au monde, et la première en Europe. Vous êtes l’Archipel de France. »
Enfin, la différenciation est mise en avant grâce à l’article 73 de la Constitution, qui permet l’adaptation des normes. A ce propos, le président a eu un mot pour chacun des 11 territoires, avec à Mayotte, un focus sur l’immigration clandestine et sur les relations avec les Comores, « avec les Comores chacun doit prendre ses responsabilités », a-t-il indiqué.
Le président Macron appuie Thani Mohamed
Emmanuel Macron a notamment expliqué soutenir la démarche du sénateur LREM Thani Mohamed Soilihi, de limitation du droit du sol à Mayotte, la qualifiant d’« adaptée et équilibrée » : « Il s’agit de préserver le droit du sol qui est l’un de nos principes fondamentaux, en adaptant ses conditions d’exercice à la réalité de ce territoire. Cette évolution, je l’ai notée, fait consensus sur le territoire, c’est pourquoi je soutiens cette démarche qui me semble adaptée et équilibrée ».
Nous avons pu joindre le sénateur mahorais, heureux de cet appui, mais qui reste concentré sur l’objectif : « Bien évidemment, je suis ravi de ce soutien, qui est très important et qui vient couronner un long et haletant travail pour faire entendre la cause de Mayotte, en proie à des difficultés hors normes induites par l’immigration clandestine. Le Président me l’avait annoncé hier lors d’un dîner à l’Elysée. Le travail n’est cependant pas terminé et doit se poursuivre en direction de mes collègues députés, afin que soit adopté ce nécessaire maillon de lutte contre l’immigration clandestine. »
A l’issue des discours de ces axes de développement pour lesquels on espère que les moyens seront réellement mis, les 25 porteurs de projet retenus aux Assises, ont rencontré 25 membres du gouvernement qui devront les accompagner.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com