La célébration de l’Eïd, en décalé, symbole du vivre ensemble réunionnais

Le conseil départemental de La Réunion organisait ce dimanche 1er juillet la fête de l’Eïd à laquelle étaient invités représentants des divers courants locaux de l’Islam, personnalités publiques et politiques. Parmi ceux-ci, la communauté mahoraise était dignement représentée, par la délégation de Mayotte à la Réunion d’une part et par diverses associations.

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Une photo de famille pour illustrer la pluralité du culte musulman à La Réunion. Au centre, le président du Conseil départemental et le secrétaire général de la Préfecture de La Réunion.

Au-delà de la célébration de la fin du Ramadan, il s’agissait pour les organisateurs et l’ensemble des participants de rappeler le « vivre-ensemble réunionnais » sur un territoire où les communautés et les religions se côtoient dans la paix.

La majestueuse Villa du département, située rue de Paris à Saint-Denis, avait revêtu ses plus beaux atours pour accueillir plusieurs centaines de personnes à l’invitation de Cyrille Melchior, président du Conseil départemental. Ce dernier a pris le temps de saluer un à un les représentants des communautés, avant de s’avancer vers la tribune.

la Villa du département avait revêtu ses plus beaux atours pour fêter l’Eïd.

Houssein Amode, président du culte musulman réunionnais a tenu à faire passer quelques messages aux détracteurs de l’Islam : « Notre vivre-ensemble, c’est l’unité dans la diversité. Nos croyances, font partie de notre identité ». La Réunion est souvent citée en exemple pour la diversité de sa population, mais aussi pour la coexistence des religions qui se côtoient dans la paix « Nouvel an chinois, tamoul ou chrétien, l’Eïd, c’est une richesse de célébrer autant de fêtes en une seule année et je salue le dialogue et le savoir-vivre inter-religieux » soulignait le secrétaire général de la préfecture, Frédéric Joram. La présence et la prise de parole du représentant de l’État à la célébration de lEïd sont hautement symboliques car c’est dire la parfaite intégration de l’islam dans la vie quotidienne du département. A Mayotte, les services préfectoraux sont plus frileux et si la présence d’un sous-préfet est généralement admise à la célébration de l’Eïd, il n’est encore jamais arrivé qu’il prenne la parole.

A La Réunion, les communautés se fréquentent et vivent ensemble

L’Islam est apparu à La Réunion au début du 20e siècle avec l’arrivée des premiers musulmans venus du Gujarat, puis ont suivi les Karanes de Madagascar, les Comoriens et enfin les Mahorais. Aujourd’hui, les courants chiites, sunnites hanafites et sunnites chaféites sont pratiqués et enseignés. L’Institut de Théologie musulmane, installé à la Plaine des Cafres est reconnu mondialement, forme après un cursus de 7 ans des imams, dont certains mahorais. Housseine Amode a souhaité évoquer l’épineux sujet de la radicalisation dans son discours « Nous devons tous faire preuve de lucidité face aux situations. Mais nous n’avons pas à nous justifier. Nous pouvons assurer que notre Islam est très structuré et entièrement financé par des capitaux réunionnais, pas un centime ne vient de métropole ou de l’étranger » a-t-il insisté.

Le président du conseil départemental, Cyrille Melchior, a tenu à saluer personnellement tous ses hôtes, dont les représentants de la communauté mahoraise.

Parmi les invités, on notait la présence de la délégation de Mayotte à La Réunion, mais aussi de plusieurs représentants de la communauté mahoraise. À l’instar de Jacob, président de la mosquée chaféite du Port pour qui les Mahorais sont une composante à part entière du peuple réunionnais. Installé depuis 27 ans à La Réunion, il vient de vivre comme tous les musulmans pratiquants le mois sacré de Ramadan avec ferveur : « J’ai invité le président Melchior à venir rompre le jeun au Port, ainsi que des musulmans de tous horizons : comoriens, malgaches, zarabs* et nous avons passé un moment de convivialité et de fraternité. À La Réunion, les communautés se fréquentent et nous vivons dans l’harmonie. » Selon lui, et malgré les polémiques, Comoriens et Mahorais savent mettre de côté les rancoeurs politiques lorsqu’ils sont hors de leurs îles : « nous sommes des frères des îles, je fréquente des Grands-Comoriens, des Anjouanais et des Mohéliens. Ici, nous sommes appelés à vivre-ensemble, nous sommes des frères et nous partageons la même religion, alors soyons unis ».

L’unité, ce fut le fil rouge des discours officiels, dont celui, puissant, du président du Conseil départemental : « La richesse de la Réunion, c’est sa diversité culturelle mais aussi cultuelle. Je salue ici notre capacité à transcender tous ceux qui cherchent à diviser. Ici, les communautés dépassent leur statut et se fondent dans le peuple réunionnais, unique. » A l’issue des prises de paroles, les convives ont été invités à partager un repas, dans l’esprit du foutari, et à déguster diverses spécialités comme le mataba.

*Indiens musulmans

Marion Châteauneuf, à La Réunion

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