« On a eu l’impression d’être des animaux jetés sur le bas-côté de la route pour continuer la circulation ». C’est par ces mots forts que Foumo Silahi, président du CIVIREVOS Mayotte ( Collectif des Citoyens Vigilants et Révoltés de Mayotte) rappelle l’abandon qu’on put ressentir certaines victimes d’actes de violence à Mayotte.
C’est justement pour ne plus laisser les victimes seules qu’a été installé ce mardi 24 juillet le comité local d’aides aux victimes à Mayotte. Cette structure créée au lendemain des attentats de Nice le 3 août 2016 pour la prise en charge des victimes du terrorisme a vu son champ d’application s’élargir à toutes les victimes d’accidents collectifs, de catastrophes naturelles et de toutes les infractions pénales. « Comme c’est le cas des victimes des coupeurs de route à Mayotte », précise le préfet Dominique Sorain qui préside ce comité.
L’objectif est de constituer un guichet unique auquel les victimes puissent s’adresser pour fluidifier l’aide et le soutien qu’elles peuvent recevoir. « Notre objectif c’est de reconnaitre le côté humain quand quelque chose arrive, qu’au moins il y ait quelqu’un en face pour aller voir la victime, l’écouter et l’accompagner dans les démarches : porter plainte, obtenir un suivi psychologique et être indemnisé », argumente Mtrengoueni Dhoimrati de CIVEROS.
Chaque institution (tribunal, vice-rectorat, CHM ou encore forces de l’ordre) et collectivités locales vont avoir une mission mieux définie pour l’accueil et l’accompagnement des victimes.
L’épisode fondateur des coupeurs de route
« Ce comité est important car il va permettre de coordonner l’action de tout le monde et de clarifier le rôle de chacun en apportant une information qui soit le plus juste possible pour orienter aux mieux les victimes dans leurs démarches », note Morgane Pajak-Boulet, substitut du procureur.
Un annuaire de l’aide aux victimes sera prochainement constitué, principalement à destination des associations dont rôle de relais auprès de la population est indispensable. « Nous pourrons aider plus efficacement les victimes à ne pas rester dans leur coin », soutient en ce sens Mtrengoueni Dhoimrati.
Le mouvement pour la reconnaissance du statut de victime est apparu à Mayotte lors de violents épisodes de coupures de route en 2016. Le CIVIREVOS est né dans ce contexte à Sada. Le sentiment d’abandons avait alors prédominé pour certaines victimes de violence, livrées à elles-mêmes.
« Aujourd’hui la mise en place du comité est une étape dans un long combat et surtout cette mise en place demande un suivi » analyse le président de l’association Foumo Silahi.
Une nouvelle rencontre avec les mêmes protagonistes aura lieu en octobre prochain pour formaliser le dispositif.
* Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi
AL