L’appel au boycott de l’opposition n’a pas suffi. Les 63 % d’électeurs comoriens qui ont fait le déplacement dans les bureaux de vote ont voté à une large majorité pour le oui. « Je vous donne les résultats au niveau national. “Oui” : 172 240, soit 92,74 %. “Non” : 13 338, soit 7,26 % », a déclaré le président de cette commission, Ahmed Mohamed Djaza, lors d’une conférence de presse mardi 31 juillet à Moroni. Le vote s’est déroulé dans un climat tendu, même si un seul incident grave est a déploré à Moroni, des urnes ont été saccagées et un gendarme blessé gravement lors de cette attaque.
Les observateurs et nos confrères journalistes présents sur place notent un décalage entre les chiffres annoncés par la CENI. Ainsi Bruno Minas, journaliste de Mayotte première a noté qu’à « Anjouan les bulletins arrivent dans les urnes beaucoup plus nombreux que les électeurs dans certains bureaux. Près du marché de Mutsamudu, un bureau de vote annonçait 50 votants à 10h00. Une heure plus tard, ils étaient 170, alors qu’on a vu passer … deux électeurs. »
Rester au pouvoir
Ce constat est partagé par les observateurs de la Force en attente de la région Afrique de l’Est (EASF), selon nos confrères de l’AFP « Dans la plupart des bureaux visités, il y avait moins de vingt électeurs qui attendaient. Mais quand on repassait une heure plus tard on constatait soudain un afflux de bulletins dans l’urne, a déclaré Jules Hoareau, de la mission de l’EASF. Cela n’a pas de sens.»
L’opposition avait jugé ce vote illégal et appelé à son boycott. « Quels résultats ! Un scrutin truqué, des chiffres préfabriqués, voilà la consultation populaire du président Azali », avait réagi le secrétaire général du parti Juwa, Ahmed el-Barwane, interrogé par l’AFP.
Ce résultat va considérablement renforcer le pouvoir d’Azali Assoumani. Le président de l’Union des Comores peut théoriquement rester au pouvoir jusqu’en 2029, s’il respecte le calendrier annoncé. La réforme de la constitution met fin au principe de la présidence tournante entre les 3 îles, Anjouan, Mohéli et Grande Comore, instauré en 2001. Jusqu’ici, à tour de rôle un représentant de chaque île était élu tous les 5 ans pour un seul mandat. La nouvelle constitution permet d’effectuer deux mandats consécutifs. Azali Assoumani, élu en 2016, compte convoquer des élections anticipées en 2019, il pourrait donc avec ces nouvelles règles effectuer deux mandats de 5 ans.