« Nous sommes partis d’un constat qui est que nous sommes peut-être issus de diverses communautés, mais nous partageons les mêmes origines » annonce Katia Leloutre, chargée de développement pour l’association Cheminement qui porte ce projet depuis 2017.
Le travail a débuté à Mayotte où Jean-Marc Lacaze aka Chienoir, Megot et Papajan se sont retrouvés pour une première résidence artistique qui a abouti sur la réalisation de quatre fresques, aux quatre points cardinaux de l’île. Les artistes avaient en tête les tensions communautaires entre Mahorais et Réunionnais mais aussi entre Mahorais et Comoriens. Bourrés de références historiques, le travail consistait en une démonstration des racines communes des peuples de la région : bantous, indo-perse, malgache et austronésiennes.
Après avoir réalisé les fresques mahoraises en fin d’année dernière, les trois artistes se sont retrouvés en juin, dans la fraîcheur du Maïdo sur les hauteurs de Saint-Paul. Plusieurs mois se sont écoulés entre les deux étapes, durant lesquels le projet « Woya shi havi » a tout de même était sélectionné par le Ministère de la Culture dans le cadre de l’exposition « À l’échelle de la ville, arts et aménagements du territoire ». Des photographies des fresques réalisées à Dembéni, Bandraboua, Chirongui et Chiconi ont été exposées au Palais Royal. Pour l’occasion Papajan avait fait le déplacement avec Leïla Quillacq de l’association Cheminement afin de présenter le travail mené à Françoise Nyssen, ministre de la Culture.
« Ode au métissage »
La cinquième et dernière création a été réalisée sur un réservoir d’eau dans le village de Petite-France. Elle constitue une sorte de synthèse et de point d’orgue à cette œuvre globale, « ode au métissage pour l’ouverture aux multicultures et contre les replis identitaires ». L’association a donc cherché un lieu qui correspondrait au cadre de l’appel à projets, c’est-à-dire l’accès à la culture en milieu rural. La fresque est donc située sur la côte ouest, face à Mayotte et qui est à l’origine du peuplement à La Réunion. Comme sur l’île aux parfums, les trois artistes sont allés à la rencontre d’historiens et de scientifiques mais aussi au contact de la population. « C’était très important pour nous que les habitants adhèrent au projet. Nous les avons associés pour qu’ils deviennent gardiens de la fresque, qu’ils se l’approprient et qu’ils la transmettent » explique Katia Leloutre.
Sur la face la plus visible du réservoir, celle en bordure de route, la fresque fait référence au passé connu et folklorique de La Réunion, à l’arrière, la face cachée évoque les « marrons » ces esclaves en fuite qui avaient trouvé refuge dans les montagnes réunionnaises.
Si le travail artistique est maintenant achevé, le projet continue de vivre puisqu’un livret est en cours d’élaboration. Une réflexion est également menée pour que la fresque du Maïdo soit promue dans un cadre touristique, avec le Parc national de La Réunion.
M.C.