À Majicavo, la majorité des détenus n’est pas condamnée

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La publication mensuelle des statistiques mensuelles des personnes écrouées et détenues en France est l’occasion d’observer la structure de la population carcérale à la maison d’arrêt de Majicavo. Un chiffre frappe, la majorité des prisonniers sont en attente de procès.

La maison d’arrêt de Majicavo a été inaugurée le 15 octobre 2014 par la ministre de la Justice d’alors, Christiane Taubira, avant d’évoluer en centre pénitentiaire en 2015.

La structure a une capacité théorique de 278 places. Au 18 juillet 2018, 305 personnes y sont détenues soit une densité de 109 %, plaçant Mayotte sous la moyenne des prisons d’outre-mer. Une seule femme est à recenser parmi les détenus.

Sur les 305 personnes incarcérées, pas moins de 171 sont en attente de procès, soit un peu plus de 56 % des personnes emprisonnées à Majicavo qui ne sont pas condamnés.

Parmi eux 46 sont en attente d’un procès en correctionnel et 125 en cours d’assise. Cette très haute proportion de détenus en attente de procès s’explique par la structure des crimes à Mayotte », précise le procureur de la République Camille Miansoni. Ces affaires criminelles concernent principalement deux types de faits : les viols et les violences. Parmi ces derniers malgré, peu d’homicides, l’utilisation du chombo criminalise les violences. « Avec une telle arme, la victime a souvent des infirmités permanentes », note le procureur. Ces graves blessures, et surtout leur caractère irréversible, font basculer les violences du délit au crime.

Peu de garanties de représentation

Et pourquoi autant de détenus en attente de leur procès ? Le poids de l’insularité et la sociologie des détenus entre en jeu. Les alternatives à la détention préventive sont réduites à Mayotte en l’absence de garanties de représentation. En effet, une proportion importante de prévenus ne peut attester d’un domicile, ce qui rend impossibles les mesures de contrôle judiciaire avant un procès.

Pour les mêmes raisons, seuls 4,3 % de détenus condamnés bénéficient de mesures d’aménagement peine. Ils sont en moyenne, autour de 20 % en métropole et 16,6 % en outre-mer. Par exemple, la pose d’un bracelet électronique en alternative à l’incarcération ne peut se faire sans un lieu de référence à partir duquel l’ex-détenu est autorisé à évoluer.

L’étroitesse du territoire mahorais est un autre facteur d’explication de la surreprésentation des personnes en attente d’un jugement à Majicavo. Outre la gravité des faits reprochés en matière criminelle, les risques de troubles à l’ordre public sont importants. Il est par exemple difficile pour les magistrats de prononcer des mesures de contrôles judiciaires qui permettent d’éloigner suffisamment l’auteur présumé des faits et ses victimes. La prison est le lieu le plus sûr pour contrer l’expression de la loi du Talion.

AL

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