Trois mois de séismes : "le phénomène est toujours en cours"

L'essaim sismique dure depuis maintenant trois mois. Depuis le 10 mai, ce phénomène a suscité la surprise, la peur, la colère et beaucoup de curiosité. Désormais, des scientifiques de plusieurs pays ont les yeux rivés vers Mayotte.

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Frédéric Tronel, directeur du BRGM

A l’occasion de la dixième semaine d’essaim de séismes, nous avons fait un point de situation avec Frédéric Tronel, directeur de l’antenne mahoraise du BRGM.

Le JDM : L’essaim a commencé il y a trois mois, où en est-on maintenant ?

Frédéric Tronel :

– Si on reprend l’historique, la phase intense s’est arrêtée le 3 juillet. Depuis on a une activité relativement modérée avec quelques séismes par jour. On a très peu de séismes ressentis et supérieurs à 3.5 de magnitude, mais on a toujours une activité enregistrée, donc le phénomène est toujours en cours, même s’il n’a rien à voir avec les deux premiers mois. Le 3 août on a eu un séisme de magnitude 4, depuis lundi on n’en a enregistré que trois supérieurs à 3.5.

Est-ce que la science en sait plus sur ce phénomène ?

-Aujourd’hui on est épaulés par d’autres organismes pour le suivi, comme l’Institut physique du Globe de Paris ou le Réseau national de surveillance sismique. On sait que le phénomène est d’origine tectonique, et qu’il y a peut-être eu une petite circulation de fluide. Ca peut être une remontée de magma, ou une circulation en profondeur de magma ou d’eau. Actuellement on réfléchit au déploiement d’une station sismologique aux Glorieuses, mais ça ne se fait pas comme ça. Les chiffrages sont en cours. En effet aujourd’hui on a beaucoup d’instruments mais tous du même côté de l’épicentre, à l’est on n’a que les dispositifs qui sont à Madagascar. Il faudrait autre chose. Des réflexions ont été menées aussi au ministère sur des opérations marines, mais ça sera plus tard car ça nécessite beaucoup de dossiers. Un dossier sera mené à l’automne, mais mais missions du Marion Dufresne sont déjà fixées pour deux ans. C’est en tout cas un sujet très intéressant qui nécessite une acquisition de données pointue. Le BRGM à Orléans a sollicité des universités d’Allemagne, d’Italie ou de Suisse, donc la communauté scientifique commence à s’y intéresser de près.

L’atténuation est nette mais ne permet pas d’affirmer que le phénomène va cesser

Que peut-on dire de l’avenir de l’essaim ?

-On ne peut rien prédire. Avant le 10 mai il y avait zéro activité. Aujourd’hui on a jusqu’à une dizaine de microséismes non ressentis par jour. On voit une atténuation qui est nette mais on n’a pas de référence pour dire si le phénomène s’arrête ou va continuer.

Propos recueillis par Y.D.

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