Législatives de 2018 : lourde amende pour avoir volé une urne

Pour avoir subtilisé des urnes lors de la législative partielle en mars dernier, un trentenaire a échappé de peu à la prison ferme. Il voulait concrétiser les appels au boycott.

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Une urne pendant les législatives

L’affaire avait fait grand bruit lors du premier tour de l’élection législative partielle de la première circonscription (Nord). Malgré les appels au boycott et l’énorme pression exercée sur ce scrutin, peu d’incident avaient été relevés. Le plus retentissant avait été le vol de deux urnes à Mtsamboro par un militant pro-boycott. L’homme était jugé ce mercredi au tribunal de Mamoudzou.
Ce jour du 18 mars, l’homme s’était rendu avec son pick-up et deux comparses dans le bureau de vote numéro 142 à Mtsahara. A 15h30, il a saisi l’urne qui se trouvait sur la table et a entrepris de partir avec. La présidente du bureau de vote proteste vigoureusement et convainc le jeune homme de reposer l’urne.
Mais l’individu ne décolère pas de voir des gens voter malgré le boycott qu’il avait soutenu. Quelques minutes plus tard, il débarque au bureau numéro 69 situé une centaine de mètres plus loin, et réitère son larcin. Cette fois-ci, il ne s’arrête pas, charge l’urne et la charge sur son véhicule, dont un policier municipal relève la plaque. Le vol dure moins de cinq minutes. Sa colère retombée, il retourne sur le lieu de son forfait et restitue l’urne. Il est rapidement attesté qu’elle n’a été ni ouverte ni endommagée, et les bulletins ne sont pas perdus. Sans quoi « toutes les voix des gens qui ont voté ce jour-là auraient pu être annulées » rappelle le procureur Rieu selon qui « les infractions politiques ont un sens particulier. Ce jour-là, Monsieur considère que le scrutin doit être boycotté, c’est son droit.

« Explosif et irresponsable »

L’urne du bureau 118

Mais il ne se contente pas de ça. Quand il constate que les habitants du village font valoir leur droit de désigner leur représentant à l’Assemblée Nationale, il se rend par deux fois dans un bureau de vote, se saisit de l’urne et part avec. L’urne est sacrée, enfonce-t-il, on n’est pas dans Astérix. Elle est l’essence de la démocratie. Elle est transparente et inviolable. Il a porté atteinte à l’expression des citoyens. »
Un acte qui, de surcroît, s’inscrivait dans un climat tendu. « Dans ce contexte, à ce moment précis de l’histoire de Mayotte, c’était explosif et irresponsable » poursuit le magistrat qui dénonce « une persévérance dans l’intention de vol, il encourt 5 ans de prison ».
Une peine maximale à laquelle le procureur préfère un avertissement sévère : 3 mois ferme et la confiscation du pick-up.
Pour la défense menée par Me Condé, « dans cette affaire, le contexte du 18 mars donne la mesure de la situation à Mayotte. Il y avait un débat pour savoir s’il ne fallait pas boycotter. Il a pensé qu’enlever l’urne pendant trois à cinq minutes en veillant à ce qu’elle ne soit pas détruite permettrait d’en faire parler sans porter préjudice. Il a fait un mauvais calcul. Maintenant il a compris qu’on peut manifester sans violer la loi et sans risquer de poursuites. »
Qualifiant les faits de « graves et particulièrement odieux », le tribunal s’est voulu clément envers le prévenu qui écope finalement de 1500€ d’amende.
Y.D.

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