Jean-Michel Blanquer : « Il faut mettre en place une organisation spécifique à Mayotte »

C’est un ministre qui s’affichait comme « pragmatique » en répondant aux questions des journalistes ce mardi matin, et le confirmait dans ses propos. Il se réjouit de rencontres avec les acteurs, « chaleureuses et authentiques », et « toujours à la recherche de solutions ».

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Jean-Michel Blanquer lors de son passage à Mayotte

Sur la transformation du vice-rectorat en rectorat pour avoir une académie de plein exercice, le timing des 18 mois semble être admis par tous, « nous allons implanter étape par étape, les compétences du rectorat, par exemple, l’apprentissage, la formation initiale et professionnelle. »

La fermeture du bureau des étrangers reste un frein à l’obtention de papiers pour les étudiants étrangers qui ont obtenu des admissions post-Bac, mais aussi pour certains professeurs. Une compétence régalienne, c’est donc le préfet-Délégué du gouvernement Dominique Sorain, qui répondait : « Des tensions provoquées par le conflit avec les Comores. Les dossiers seront traités au cas par cas dès les prochains jours. »

Jean-Michel Blanquer n’a pas nié la baisse régulière du niveau scolaire qui incite les meilleurs élèves à quitter l’île, une fuite des cerveaux qui a une incidence sur les compétences professionnelles par la suite. Il s’est dit en phase avec la nécessité de « mettre en place une organisation spécifique à Mayotte. A situation particulière, il faut une réponse particulière. Il faut être pragmatique ». Au point de ne pas écarter les classes de niveau, « ce n’est pas notre doctrine habituelle, mais elles existent dans plusieurs établissements ici, il ne faut pas avoir de dogme ». Et face aux fréquentes arrivées en cours d’année d’enfants en provenance des Comores ou de pays d’Afrique, de renforcer des classes intermédiaires de non-lecteur et non-scripteur, utilisant le français et le shimaoré, pour les intégrer ensuite. « Il faut aussi mettre en place des modules de français-langue seconde ».

Scolarisation obligatoire dès 3 ans

Le ministre entouré du préfet Dominique Sorain et du vice-recteur Stephan Martens

Car ces difficultés ont une origine : « Il faut aller à la racine, mettre le paquet sur le primaire, et arriver à la maîtrise de la langue française. Mayotte sera donc aussi concernée par la scolarisation obligatoire dès l’âge de 3 ans, même si ça implique un défi en terme de construction scolaire. » Son passage en classe de CP la veille a encore souligné s’il le fallait le lien entre « les différences de niveau et la scolarisation ou pas en maternelle ». La mesure nationale des CP-CE1 à 12 élèves, voire 15, est partiellement appliquée, faute de place.

Des dispositifs qui sont accompagnés de formation du corps enseignant, avec la professionnalisation des futurs professeurs des écoles, une action lancée depuis l’année dernière seulement, mais aussi « un programme de formation continue » pour les 40% de contractuels exerçant dans le secondaire, au collège de Doujani, un ex-moniteur de ski ayant expliqué la veille au ministre l’opportunité qui s’était présentée à lui de venir enseigner l’anglais à Mayotte. « Notre objectif est d’attirer plus de titulaires et plus de Mahorais titulaires. »

Jean-Michel Blanquer appelait de nouveau « à se faire confiance »

« Un territoire qui va bien est un territoire où les acteurs se font confiance. Les dossiers seront suivis par la préfecture et le vice-rectorat, pour avancer, tout le monde doit jouer le jeu. Nous devons aux enfants un discours optimiste pour qu’eux-mêmes contribuent à la construction du Mayotte de demain », concluait le ministre avant de s’envoler vers La Réunion où il suivra là aussi la rentrée scolaire. Nous reviendrons sur sa rencontre avec les syndicats et les associations des parents d’élèves.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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