A la suite de l’accident où elle perd une jambe, Nafouanti et son avocat lancent un appel à témoin

Victime d’un violent accident de la route, un jeune couple veut essayer d’y voir clair, l’homme qui se présente comme étant le conducteur est-il le bon ? Leur avocat qui n'a pas encore eu accès au dossier, interpelle la presse.

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Me Yanis Souhaili lance un appel à témoin

Ce 30 juillet 2018, la jeune Nafouanti, 21 ans, finit sa journée au Douka Be de Koungou où elle est employée, et se rend à la barge où la rejoint son mari. Ils rentrent ensemble sur Labattoir en scooter vers 22h sur le boulevard des Crabes, lorsqu’ils s’interrogent à haute voix sur une voiture arrivant en sens inverse, roulant à vive allure et zigzaguant. Ils expliqueront ensuite que la voiture s’est déportée et c’est le choc, violent. Sur une vidéo captée d’un portable, on voit Nafouanti allongée sur le bitume, gémissant, elle perdra une partie de sa jambe gauche, sectionnée sur le coup.

Elle perd beaucoup de sang, mais reste consciente, un homme s’active autour d’elle, un mzungu, « militaire du DLEM », qui lui procure les premiers soins en lui posant un garrot. Dix minutes à un quart d’heure après, les pompiers sont sur les lieux, et ensuite, la gendarmerie. Elle est évacuée, anesthésiée et opérée.

Ces faits, c’est son avocat Me Yanis Souhaili qui les rapporte à la presse ce mardi 4 septembre. Car ce qui se passe ensuite est, selon lui, plus flou. « Le conducteur ne s’est pas présenté immédiatement à la victime, le procureur indique qu’il s’est garé plus loin, pour préserver son petit garçon qui était à bord, et est retourné sur les lieux de l’accident. Mais les témoins retrouvent la voiture ce soir là, une Mégane grise, tachée de sang, devant le Ninga, la boite de nuit du Rocher », à quelques centaines de mètres de là, vide. « Pour ma cliente, le conducteur n’est jamais revenu sur place ». Sur le petit film, il fait remarquer que les témoins disent, « le conducteur ne s’est pas arrêté, il faut aller à sa poursuite ».

« Le conducteur a bien aidé »

Les traces de sang sur la Megane montrent un choc latéral (Photo D.R.)

Un test d’alcoolémie est pratiqué sur celui qui se présente ensuite comme étant le conducteur, il est positif, « la conduite en état alcoolique a été retenue ». Mais lorsque ledit conducteur est confronté au mari de Nafouanti, « il ne reconnaît pas cet homme à la peau noire, ‘il n’était pas sur place ce soir là’ », Yanis Souhaili rapporte ses propos.

Nous avons contacté Camille Miansoni, le procureur qui nous répète que le délit de fuite n’était pas constitué: « L’homme qui a posé le garrot a témoigné avoir été aidé par le conducteur précisément. » Il invite l’avocat à attendre d’avoir pris connaissance du dossier avant de communiquer, « il n’est pas encore arrivé au parquet. Il est clôturé, et des poursuites sont engagées. » Il précise qu’il n’y a pas de témoin direct de l’accident. « En reconnaissant avoir été au volant de la voiture dans cet accident grave, le conducteur peut perdre son emploi », complète Camille Miansoni.

Comme l’avait fait le procureur sur l’antenne de Mayotte la 1ère, l’avocat lance un appel aux témoins de l’accident, « il y avait dix personnes sur place, il faut qu’ils expliquent ce qui s’est passé. » Également, la jeune femme souhaiterait rencontrer l’homme qui a pratiqué les premiers secours, pour le remercier, mais aussi pour clarifier ses souvenirs. En revanche, le conducteur n’est pas passé à l’hôpital ou à son domicile pour s’enquérir des séquelles et prendre des nouvelles de sa santé.

C’est peu habituel, l’avocat accuse le parquet de diligence : « L’affaire passe en jugement le 27 novembre, normalement les affaires similaires prennent plus de temps. Pourquoi n’y a-t-il pas ouverture d’une information judiciaire pour faire la lumière ? » Car l’homme qui se présente comme étant le conducteur accuse à son tour le scooter de s’être déporté. Le test d’alcoolémie est négatif sur ce dernier. « J’aurai accès à la procédure la semaine prochaine, indique l’avocat, et si le 27 novembre, je note trop d’incohérences, je demanderai un complément d’informations, ou au parquet de mieux se pourvoir. »

Maman d’un enfant d’un an, la jeune femme qui vit dans des conditions très précaires va devoir réorganiser sa vie, « les assurances vont prendre ça en charge, la SIM recherche un logement social », glisse l’avocat.

A.P-L.
Lejournaldemayotte.com

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