« Nous ne sommes pas des délinquants ! », clamaient étudiants et enseignants sans papiers devant le vice-rectorat

Ils sont prés de 500 étudiants et enseignants étrangers à n’avoir plus de titres de séjour en raison de la fermeture depuis 2 mois du Service des étrangers à la préfecture. Une intersyndicale d’enseignants manifestait pour défendre leurs droits ce jeudi.

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"Etudiants sans avenir, laissez-nous le construire", affichent les banderoles

A l’appel d’une intersyndicale d’enseignants, ils étaient plus d’une centaine à manifester ce jeudi matin devant le vice-rectorat, « une bonne mobilisation compte tenu du climat, indiquait Quentin Sedes, CGT Educ’action, c’est une belle défense de nos valeurs de fraternité ».

Leur mot d’ordre tourne autour de la réouverture du bureau des étrangers, bloqué depuis fin juillet par différents collectifs, en représailles au blocus des expulsions d’étrangers en situation irrégulière par le président comorien Azali. On pouvait craindre une confrontation entre les deux parties, c’est pourquoi les manifestants ne se sont pas rendus devant la préfecture, préférant exprimer leur mécontentement au vice-recteur qui les recevait à 10h.

Les collectifs avaient envisagé une riposte, mais le fait que des membres d’un même syndicat se retrouvent des deux côtés de la barrière, a brouillé la démarche. Car de barrière, il y en avait bien une, érigée par la police nationale au croisement de la rue Saharangué, censée séparer toute contre manif s’il y en avait eu une.

Bas S avec un an d’avance

Une protection en cas de riposte des collectifs

« Nous méritons un avenir, laissez-nous le construire ! », mentionnaient les banderoles. Dessous, une grosse délégation d’étudiants étrangers qui, bien que bacheliers, sont privés de papiers qui leur permettraient d’obtenir un visa pour intégrer les établissements d’études supérieures où ils sont pourtant inscrits en métropole.

A l’image d’Amina qui a décroché un Bac STMG mention AB : « Je devais intégrer un DU Gestion des entreprises et des administrations, mais je n’ai pas pu renouveler mon récépissé. » Elle évoque un changement de conditions d’inscriptions au Centre Universitaire de Dembéni : « L’année dernière, il suffisait de la preuve d’une démarche de régularisation, mais désormais, il faut un récépissé en cours de validité, et ils ne sont plus délivrés depuis juillet. » Des étudiants de 2ème et 3ème année n’auraient ainsi pu se réinscrire.

Un enseignant nous explique le cas d’une de ses élèves, « brillante, prometteuse, qui vient de décrocher un Bac S mention AB, qui aura 17 ans en décembre. Elle n’a jamais pu obtenir de document de Circulation d’Etrangers mineurs ». Nous rappelons régulièrement cette aberration française qui rend la scolarité obligatoire de 6 à 16 ans sans condition de séjour, mais qui ensuite, fait un tri par la nationalité.

140 enseignants touchés

Une intersyndicale de l’Education s’est formée pour l’occasion

Lorsque nous interpellons Quentin Sedes sur les raisons qu’invoquent les collectifs du bras de fer avec Moroni, il explique qu’il n’est pas là « pour entrer dans un débat politique » : « Il n’est pas admissible de priver 300 étudiants de poursuivre leurs parcours, et par un blocage d’un service de l’Etat, de précariser les gens. D’autant plus qu’une des revendications de la mobilisation de mars portait sur l’octroi de visas aux étrangers pour qu’ils ne séjournent pas à Mayotte. Ce n’est pas cohérent ! »

Des enseignants étrangers sont également touchés par la fermeture de ce service de l’Etat, « ils sont 140 à avoir des problèmes de titre de séjour. »

A travers cette manifestation, les syndicats s’élèvent aussi contre le dispositif Parcoursup, « qui laisse sur le bord du chemin 488 étudiants mahorais. »

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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