Le vert de leurs affiches commence à fleurir sur les routes de Mayotte : « Maore mobile » est arrivé depuis le week-end dernier dans le paysage de la téléphonie mahoraise, comme nous l’avions annoncé. Ils se glissent parmi les 3 géants déjà sur la place, SFR, Orange et Only, avec des offres « qui collent à la réalité du territoire. »
C’est que eux aussi « collent » à cette réalité : « J’ai moi-même pris la pelle et la pioche pour creuser des tranchées de 200 mètres pour y faire passer des câbles », explique Alexandre Colonna, directeur adjoint de BJT Partners, opérateur de téléphonie français implanté en France métropolitaine et dans les DOM. Pas tout à fait un Mac Gyver donc, il maîtrise.
C’est avec cette structure qu’il obtient il y a 7 ans avec son comparse Jean-Samuel Najnudel, une licence d’opérateur téléphonique. Après avoir patrouillé en Guyane et à Saint-Martin, ils se disent que, le marché à leur taille, ce sera Mayotte, « arrivé en 2015, j’ai aimé de suite cette île qui a gardé taille humaine, et à la topologie pas trop compliquée pour y installer nos relais. »
Face aux 3 grands déjà sur la place, « qui achètent leur matériel avec une force de frappe qui n’est pas la nôtre », ces « passionnés de mobile », comme se définit Jean-Samuel Najnudel, le directeur général de Maore mobile, décident de développer leurs propres logiciels, en intégrant peu à peu la technologie, « nous avons donc créé Maore mobile qui est l’exploitant du réseau ». Et inscrit au registre du commerce mahorais.
« Tous les bénéfices réinvestis à Mayotte »
Ce qui est tout bénéfique pour Mayotte, à double titre. Pas de direction à la Réunion ou en métropole comme les 3 majors, « et tous les bénéfices seront réinvestis ici, nous voulons aider le tissu économique mahorais ».
Pour se démarquer, il fallait proposer des offres qui n’existent pas ou peu sur le marché. Nous les avions détaillées : outre les appels vers la métropole et plus de 50 destinations dont les DOM facturés à 5 centimes la minute, 3 centimes le SMS, il est possible de transférer du crédit à quiconque, « je compose #999* et le montant, par exemple 5 euros ! », et hop ! le portable de son comparse Jean-Samuel Najnudel affiche 5 euros de plus. Le transfert est plafonné à 200 euros.
La carte SIM est à 5 euros, avec 5 euros de crédit inclus. Toutes les offres sont en prépayées. Pour les pannes de crédit, le sms « rappelle-moi » est inclus dans l’offre. Ils sont moins bons sur les appels régionaux, 35 centimes la minute vers les fixes aux Comores, et 55 centimes vers les mobiles ».
Sur ce marché unique qu’est Mayotte, ils ont voulu « maîtriser l’ensemble du réseau », explique Jean-Samuel Najnudel. D’où la pelle ! Ils ont implanté 20 pylônes, 56 émetteurs, et continuent la couverture : « Ce week-end nous mettons en place un pylône à Tsoundzou ainsi que 3 antennes supplémentaires. » Vahibé, Sada et Mandzarsoa vont suivre. « Nous touchons 90% habitants, ce qui correspond à une couverture géographique de 80%, ce qui n’est pas mal pour un lancement ». Si vous ne captez pas bien, ils vont jusqu’à proposer une implantation de relais chez vous, « moyennant loyer. »
Tout cela a demandé du temps et de l’argent, « en autofinancement ». Il a fallu sortir de sa poche 3 à 4 millions d’euros, c’est pas donné à tout le monde : « Notre entreprise BJT Partners a participé, et nous-mêmes, avec des fonds personnels. »
Pas de boutique verte, mais des doukas qui sont commercialement intéressés, « nous en aurons une cinquantaine ce week-end ». Pour tout savoir, aller sur leur site.
Pas de problème si votre copine est chez un autre opérateur, « mais nous avons eu du mal à signer les accords d’interconnexion avec eux. »
Si actuellement seule la 2G est proposée, dès l’année prochaine, « à la date anniversaire du lancement », vous pourrez surfer sur internet en 4G !
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com