L’idée de départ, c’est une jeune retraitée qui l’a eue, mais pas n’importe qui, puisque Zarian Zidini, est la maman de Nassem qui n’en finit pas de faire bouger Mayotte, comme directeur de production de Esprit BTM. Elle explique avoir voulu rendre à son « village de résidence un peu de ce qu’il m’a donné ». La suite, c’est 3 ans de galère, « un défi qui me semblait insurmontable », avant que la crèche se concrétise.
Ils sont actuellement 15 petits explorateurs sur les 30 places ouvertes depuis le mois d’avril, de 3 mois à 4 ans, à s’épanouir au milieu des jeux et livres à leur disposition, tous les jours de la semaine, avec une ouverture de 6h30 à 17h30. Une des mamans présentes, Amina Hariti, la suppléante du sénateur Thani Mohamed, se dit comblée : « J’habite aux Hauts Vallons, j’ai foncé quand j’ai entendu parler de l’ouverture de cette crèche. »
Des bambins on ne peut mieux entourés, et à la présentation de l’équipe de onze salariés, on se dit que l’île a retrouvé de l’attractivité. Elles s’appellent Amina, Noémie ou Aïcha, et possèdent une expérience pouvant aller jusqu’à 15 ans en crèche, ou maitrisent la méthode Montessori, ou ingénieure diplômée d’Etat mais reconvertie en néo-natalité, etc. Seul homme de l’équipe, l’attentionné Soilihi gère les espaces verts.
Huit projets de crèche en cours
La structure est principalement financée par la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte (CSSM) sur sa branche famille, à hauteur de 70% des 117.000 euros d’investissement, et de 75% sur les 235.000 euros de fonctionnement. Face aux besoins du territoire, dont le taux de couverture de crèche est de moins de 3% contre 54% sur le territoire national, Salim Nahouda, le président de la CSSM, invitait les autres communes de l’île « à se doter de telles infrastructures ». Huit projets sont en cours : une crèche municipale à Sada de 40 places, une à Mtsamboro, 60 places, Dzaoudzi Labattoir, dont le maire et président de l’association des maires était présent, 45 places, Kani Keli, 24 places, auxquelles il faut rajouter des micro crèches, de 10 à 15 places, comme à Tsingoni. Et les 50 places du centre d’affaire de Kawéni qui héberge la CSSM.
Le conseil départemental par ses PMI, valide le bâtiment, selon 3 axes, qu’applique Zarian Zidini : « Renforcer le lien intergénérationnel par la participation des parents et grands-parents aux activités, préserver le contact avec la nature, et proposer la pratique du sport pour les enfants et leurs familles. »
La CSSM en appelle aux fonds nationaux
Si la CSSM accompagne largement ces projets de crèches, sa directrice Ymane Alihamidi Chanfi, met en garde et parle gros sous : « Sans financement nationaux, la CSSM peinera à soutenir l’ensemble des structures nécessaires au département. Il faut arrêter de bricoler les textes, les standards nationaux doivent s’appliquer à Mayotte. » Elle nous expliquait notamment que le Complément de libre choix de Mode de Garde (CMG) de prise en charge partielle de la rémunération d’une assistante maternelle par la CAF, n’existe pas à Mayotte, « en métropole, les gardes d’enfants sont financées pour un tiers chacune, par la CAF, la commune et les familles, ici c’est impossible. »
Le maire de Koungou Assani Saindou Bamcolo se disait « dans son jardin », en prenant publiquement l’engagement « de bitumer la route », « on est là pour accompagner les bonnes volontés ».
Et la dynamique retraitée a d’autres projets en tête, comme l’extension de la crèche avec la création d’un espace détente personnel, un cabinet de psychomotricité, une ouverture aux familles les plus démunies, « nous ne sommes qu’à mi-chemin de l’aventure », prévient-elle sur un mode « qui m’aime me suive », « Mayotte doit innover et vivre d’excellence, on a tous un rôle à jouer ». Un nom des « Minis-explorateurs » pas choisi au hasard donc, et à coup sûr, futur terreau de relais du dynamisme impulsé.
Anne Perzo-Lafond
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