Les deux quartiers le plus touchés à Mayotte par les cambriolages et autres incivilités sont ceux de Kawéni, « 867 faits constatés en 2017 » selon la préfecture, et de la Vigie (Petite Terre), le déplacement de bandes en provenance de ce quartier vers les communes de Dzaoudzi et Pamandzi font grimper la délinquance dans ces deux communes, avec respectivement « 523 et 527 faits de délinquance, contre 356 pour la moyenne départementale » (Chiffres préfecture).
L’instauration de zones de sécurité prioritaires a pour but d’assurer une sécurité de proximité dans les quartiers les plus sensibles, notamment sur 4 types de délinquance que liste ce dispositif, vols avec violence, violences urbaines, délinquance juvénile et trafic de stupéfiants.
L’objectif est de mettre en place, au sein des 80 zones de sécurité prioritaires de France, une collaboration accrue entre les différents pouvoirs (gendarmerie, police, parquets, services administratifs ou fiscaux) de manière à faire baisser la délinquance et renforcer le lien de confiance avec la population. C’est pourquoi les représentants de la sécurité intérieure étaient tous présents dans la salle du service de l’Immigration et de l’Intégration de la préfecture de Mayotte. Donc juste au dessus des banderoles fermant le service en question…
Un CLSPD bis
Pour mettre tout cela en musique, deux cellules sont créées. L’une portant sur la coordination opérationnelle des forces de sécurité intérieure et des polices municipales, présidée par le préfet et le procureur, elle se réunira tous les mois. L’autre cellule porte sur la coordination opérationnelle du partenariat. Sorte de CLSPD bis, Conseil local de Sécurité et de prévention de la Délinquance, elle pilotera la prévention de la délinquance avec les élus locaux et les associations travaillant avec les mairies. « Ces associations connaissent les jeunes qu’elles accompagnent », souligne le préfet Dominique Sorain. Elle se réunira tous les trimestres. Les représentants des comités de citoyens de gilets jaunes pourraient également les intégrer.
Cette dernière cellule pourra bénéficier des crédits du Fonds de prévention de la délinquance (FIP), notamment pour installer à Kawéni et à La Vigie de la vidéo-surveillance. Un FIP qui a été porté à 600.000 euros cette année, et qui devrait être encore doté. Les deux collectivités concernées, l’intercommunalité de Petite terre et la CADEMA ont déjà pris des délibérations de création de ces ZSP. Cette dernière souhaitait que l’ensemble de la commune soit concernée par cette mesure, « mais la délinquance touche prioritairement Kawéni. Les ZSP seront opérationnelles « le plus tôt possible ».
Seulement 3 caillassages depuis le mois de mai
Pour le préfet, c’est une manière d’utiliser les renforts en effectifs, notamment le 3ème escadron de gendarmerie.
Comme il s’y était engagé, il communiquera « en toute transparence sur les chiffres de la délinquance » lors du 3ème trimestre 2018, qui a déjà baissé de 11,7% au 1er semestre de cette année.
Cette mesure vient boucler l’ensemble des points sécurité inscrits au Plan avenir pour Mayotte, souligne Dominique Sorain, « la Police de Sécurité du Quotidien est en place avec une présence accrue d’uniformes et des patrouilles à pied, l’augmentation des effectifs de police et gendarmerie, et la réorganisation territoriale de cette dernière avec la Brigade de Koungou et la prochaine mise en place de celle de Dembéni, la mise en place d’une brigade de prévention de la délinquance juvénile, de la compagnie départementale d’intervention, et du plan de sécurisation scolaire. Je tiens à préciser que depuis le mois de mai, nous n’avons eu que 3 caillassages. »
Nous avons voulu faire un point avec le préfet sur la lutte contre l’immigration irrégulière et le renfort des deux intercepteurs prévus pour ce mois-ci, « ils auront un peu de retard en raison de leur acheminement depuis l’Espagne où ils sont fabriqués. Ils devraient arriver fin octobre ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com