Pour les Salons comme Top Résa, il faut pouvoir s’afficher malgré sa petite taille, celle de l’île mais aussi celle du stand, puisque ses 50m2 devaient rivaliser avec les géants de 160m2 des Seychelles ou de La Réunion, « nous avons investi dans un nouveau look, en hauteur, après avoir gardé le même stand pendant 4 ans », se réjouit Michel Ahamed Madi, directeur du Comité départemental du Tourisme de Mayotte (CDTM).
« Cette édition 2018, c’est un des meilleurs Salon ! » Et ceci pour deux raisons. Au mois de septembre, il a accueilli à Mayotte, des « influenceurs ». Ces leaders d’opinion des temps modernes ont relooké la manière de faire du marketing, en passant notamment par les réseaux sociaux. Ils donnent les tendances du moment et surtout, les influencent. « Les gens se les arrachent, notamment ‘Best Jobers’ que nous avons contacté. Les destinations comme l’Australie il y a quatre ans, déboursent 20.000 à 30.000 euros pour les faire venir », Michel Madi est parvenu à ce tour de force et sans rien débourser d’autre que le déplacement tous frais compris. « Et ils ont eu un coup de cœur pour Mayotte ! »
Il faut dire que le premier jour de leur programme les a amené à fouler la plage de Moya, « et ils sont arrivés au moment d’une émergence », les naissances de petites tortues et leur course vers la mer. Et le 2ème jour, depuis leur ULM, ils ont pu suivre les baleines et leurs baleineaux dans leur escapade à l’intérieur du lagon. A la suite de cette visite, ils ont publié deux textes sur leur blog, qui collent à la réalité de l’île « Faut-il avoir peur de voyager à Mayotte ? », et « Mayotte, que voir-que faire : les incontournables ».
« Pas plus d’insécurité qu’ailleurs »
Le premier fait autant la part belle à l’accueil reçu, « on ne savait pas que cela pouvait encore exister dans notre monde actuel où le tourisme de masse a malheureusement fait beaucoup de dégâts », qu’aux précautions à prendre, « ne jamais laisser les affaires sans surveillance sur la plage ou ailleurs, éviter de faire des randonnées seul ». On ne s’étendra pas sur le second qui pointe les points forts de l’île, découverts au gré des 8 jours passés en septembre entre sortie baleines, jardin botanique de Coconi, plantation Guerlain…
En expliquant qu’à Mayotte, « il y a sans doute de l’insécurité, mais pas plus que dans d’autres destinations », leur diagnostic n’est pas passé inaperçu : « Ça a rassuré beaucoup de monde, des Tours opérators sont venus spontanément sur le stand pour réfléchir à proposer un circuit sur Mayotte parce qu’ils avaient lu l’article ».
Autre facteur paradoxal qui incite les voyageurs à lorgner vers notre île de l’océan Indien, les attentats en métropole : « Les gens prennent du recul sur le problème sécuritaire qui peut toucher tout le monde. Alors que les autres années, la première interrogation des professionnels du tourisme était ‘ça s’est calmé à Mayotte ?’, cette fois ils voulaient avant tout connaître les nouveautés, ‘qu’est ce que vous proposez ?’ ». Ce n’est qu’après qu’ils se préoccupent de l’insécurité ou des blocages éventuels liés aux mouvements sociaux.
Déplacement de médias nationaux
Pour renforcer la vitrine de l’île et rassurer sur la destination, Michel Madi réfléchit à la création d’une newsletter à destination des Tour opérateurs. « Et il faudrait mettre en place une plateforme où les acteurs du territoire donneraient une image positive de Mayotte », avait-il soumis lors de l’étude de l’ADIM sur l’attractivité de l’île. Une image portée par « l’un des plus beaux lagons du monde » que relayait le 2 octobre le quotidien du tourisme.com qui titre « Mayotte ne veut plus rester une destination confidentielle ».
D’autres visiteurs sur ce Salon, dont une équipe de production de M6, pour l’émission « Cap Horn », une nouvelle émission d’aventure. Et un voyage de presse organisé avec le Tour opérateur Nomade Aventure, amènera six médias nationaux à Mayotte, dont le Point, l’Obs, et des revues touristiques.
La présence aux côtés de Michel Ahamed Madi des représentants du groupe Eden Austral propriétaire du Jardin Maoré, et du porteur de projet de l’hôtel Mahabou, sur le front de mer à Mamoudzou, a permis de mettre en évidence les investissements en cours, si modestes soient-ils encore, et de rassurer. Le Jardin Maoré devrait avoir bouclé sa réhabilitation en avril 2019, et l’hôtel Mahabou attend les autorisations de défiscalisation de Bercy avant de poser sa première pierre, « il aura une capacité de 60 lits ». Est également attendu l’hôtel prévu sur la zone aéroportuaire.
Naissance des offices du tourisme
La compagnie Ewa était du voyage, « de plus en plus de Tour opérateurs cherchent des combinés, notamment Mayotte-Madagascar ». Ce qui permettrait aussi d’amortir sur deux destinations le prix du billet qui, malgré la ligne directe, reste peu accessible en haute saison.
Si le CDTM est la vitrine de Mayotte, le relais sur place, inexistant jusqu’à présent, s’organise peu à peu avec la création des offices de tourisme par les intercommunalités, dont c’est la compétence. Ces acteurs de proximité doivent notamment mettre en place des actions d’accueil, « et des animations lors de l’arrivée des croisiéristes. Les offices de l’interco du Centre, menée par le 1er vice-président du CDTM Harouna Attoumani, et celui de Petite Terre commencent à se structurer ». La révision du Schéma départemental du Tourisme va permettre de redéfinir les missions de chacun. L’appel d’offre pour retenir le cabinet d’études qui va s’en charger, a été publié le 2 octobre.
Dressant un parallèle avec un autre sujet d’actualité, Michel Madi lance, « le tourisme, c’est l’affaire de tous ! »
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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