C’est un multirécidiviste du vol. « Un professionnel » selon les magistrats. Terme que le prévenu rejette, sans pour autant pouvoir contester une réalité inquiétante. « il n’y a que quand vous êtes en prison que vous ne volez pas » lui lance le président Ballu.
En effet en 2015, il avait déjà écopé de quatre ans de prison dont trois ferme. Libéré l’année dernière, il a récidivé et pris 3 ans supplémentaires en mars. D’autres faits lui ont depuis été imputés.
Ce mercredi, le cambrioleur était ainsi poursuivi pour 6 vols avec effraction commis fin 2017 et début 2018, et un cambriolage datant de 2015. « Il doit bien y en avoir d’autres, c’est votre métier », suppose le président d’audience. A la barre, l’homme s’autorisera peu de déclaration. Il a d’ailleurs reconnu tous les faits reprochés. Trahi par son ADN qu’il laissait sur les barreaux et les nacos qu’il avait l’habitude de démonter.
Car le modus operandi du prévenu est toujours à peu près le même. Souvent en présence des occupants endormis, et toujours à Mamoudzou, il fracture une fenêtre, découpe la moustiquaire au besoin, fabrique une canne à pêche avec les moyens du bord et attrape ce qu’il peut. Un sac par ci, un téléphone par là. Si les clés du logement sont accessibles, il les attrape et entre, emportant tout ce qu’il peut. Voire davantage. Parfois le butin semble trop important pour un seul homme. Il nie toutefois avoir eu un quelconque complice. « Je faisais des paquets que j’emmenais un par un » affirme-t-il. « Vous avez le droit de mentir et j’ai le droit de ne pas vous croire » rétorque le président Ballu. « Sans doute aviez-vous une lampe électrique dans chaque main en plus, puisque les témoins ont vu plusieurs lumières ».
Qualifiant le prévenu de « spécialiste de la canne à pêche », le magistrat rappelle qu’en récidive, il encourt 15 ans de prison.
Pour s’expliquer, le voleur s’enfonce plus qu’autre chose. « A chaque condamnation, on me renvoie à Anjouan, mais la vie est trop dure là bas. Alors je m’enfuis et je reviens à Mayotte où c’est plus facile de s’en sortir. »
« En commettant des vols, s’emporte le juge devant lui, on n’a pas besoin de gens comme vous ici ! »
Dans la foulée, la procureure Pajak-Boulet requiert trois ans ferme. « Il n’est plus accessible au sursis. Ce qui pose souci, c’est sa personnalité, il est en récidive de récidive ». Elle demande la requalification de vol en escalade en vol par effraction. « Ce qui peut être qualifié d’escalade, c’est son parcours délinquant » ironise-t-elle. De plus, « les seules périodes où il vit sans voler, c’est quand il est incarcéré à Majicavo ».
Considérant qu’il purgeait déjà une peine de trois ans, les trois juges ont rajouté deux années de prison à la note du « pêcheur » de sacs à main qui, tombé dans les filets de la justice, est reparti comme il était venu, menottes aux poignets.
Y.D.
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