Alors que le parvis du Service des Migrations et de l’Intégration de la préfecture de Mayotte a été libéré en vue d’une ouverture initialement prévue ce jeudi, repoussée à vendredi, les manifestantes n’ont pas désarmé et restent positionnées aux abords, comptant toujours en perturber l’activité, et se revendiquant du combat de leurs aïeules.
La maire de Chirongui, Hanima Ibrahima Jouwaou, dans une position proche de celle du président de l’association des maires de Mayotte, Saïd Omar Oili, appelle à ne pas se « tromper de combat ». Si celui que mènent « nos mamans » vise à « faire garantir la sécurité d’un territoire », elle met en garde, « en durcissant nos positions, c’est nous-mêmes que nous pénalisons ».
L’élue vise l’absence de traitement des dossiers des demandeurs d’asile, les contraignant à « rester sur le territoire », mais aussi celui des reconduites à la frontière. Et la mobilisation des forces de l’ordre sur ce blocage, plutôt que sur « des actions de lutte contre l’immigration clandestine », le tout nuisant aux « efforts de restauration de l’attractivité de notre île ».
Pour Hanima Ibrahima, la « position légitime » des manifestantes doit se traduire dans « le dialogue et la concertation », « d’autant plus dans un contexte où Mayotte est enfin entendue », avec la prise en compte de nos « spécificités », « la dérogation du droit du sol proposée par le Sénateur Thani, Vice-Président du Sénat, en est un symbole fort ».
Ne pas « déstabiliser notre Etat »
Des preuves de cette écoute, elle en donne : « Dans quel département un sous-préfet est dédié à cette question ? Dans quel département les effectifs des forces de l’ordre ont été renforcés aussi vite avec déjà plus de 40 gendarmes supplémentaires depuis 2017, des projets de création de brigades à Koungou et Dembeni ? Récemment un dispositif dédié, le GELIC, a été créé pour lutter efficacement contre le travail illégal et les marchands de sommeil, les moyens nautiques se modernisent (intercepteurs, radars) et seront renforcés dès novembre par deux nouveaux intercepteurs. »
Évoquant l’évolution positive de la situation, « des reconduites ont d’ores et déjà eu lieu », « le préfet s’est engagé à ce qu’aucun nouvel arrivant ne soit régularisé », et à ce qu’il n’y ait plus « d’attroupements » devant la préfecture dans le cadre d’une « ouverture partielle du service », la maire de Chirongui en appelle à la raison, « ne mordons pas une main qui nous est tendue ».
Et revient sur le contexte de « négociation musclée avec un gouvernement comorien de moins en moins légitime » qui nécessite de ne pas « déstabiliser notre Etat », sous peine de « fragiliser notre propre cohésion sociale », « nous décrédibilisons le combat dont nous héritons de nos mères ».
Hanima Ibrahima appelle enfin à faire « front commun avec l’Etat », et à « faire notre part dans la lutte contre l’immigration clandestine ». (Lire Communiqué de presse du Maire de Chirongui)
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com