« Il faut qu’on fabrique un pays de lecteurs et que tous nos petits, dans toutes les maternelles, aient, progressivement, des seniors qui viendront leur lire des histoires, pour qu’ils entrent au CP avec un vocabulaire étendu », déclarait l’écrivain Alexandre Jardin, à l’initiative avec Pascal Guénée en 1999 de l’action « Lire et faire lire ». Il s’agissait de développer le plaisir de la lecture tout en développant la solidarité intergénérationnelle, par la présence de lecteurs bénévoles retraités dans les classes de primaires.
Le programme est proposé par la Ligue de l’enseignement et l’Union Nationale de Associations Familiales. Et il a fait des émules, notamment à Mayotte, où l’UNAF et ses partenaires l’ont implanté il y a 4 ans, et proposaient ce vendredi leur 1ère rentrée, dans les locaux de la Direction du Livre et de la lecture Publique (DLLP).
« Ce programme qui allie d’un côté, développement de l’imaginaire et esprit critique chez l’enfant, et de l’autre, un espace intergénérationnel, est une chance pour notre société en perte de repère », soulignait Bacar Achirafi, président de la Ligue de l’Enseignement, qui rappelait la signification de l’acronyme L.I.R.E. de la Ligue de l’enseignement, « Lutte contre l’Illettrisme et pour la Réussite Educative ».
Trois communes partenaires
« Des adultes qui ont plaisir de lire, quel meilleur modèle ?! », interpellait la représentante de la Direction de la Jeunesse et des sports.
Trois communes accompagnent la mise en place du programme « Lire et faire Lire », Dembéni, Bandraboua et Mamoudzou. Parmi les actions mises en place, Soma Ousomedze qui proposait en septembre plusieurs ateliers visant la lutte contre l’illettrisme, et le développement d’un réseau de lecteurs-bénévole. Mais si le programme national vise les 50 ans, à Mayotte, on se heurte à une difficulté, « beaucoup dans cette tranche d’âge et jusqu’à la retraite, ne sont pas lecteurs. Nous avons donc pu relever l’âge jusqu’à 40 ans », explique Enrafati Djihadi, Directrice de l’UDAF.
Pour l’instant seuls 6 bénévoles sont répartis dans les 5 quartiers participants, c’est que l’encadrement est carré : « Ils suivent une formation rigoureuse, qui porte sur le choix du livre en fonction de leur public, sur un engagement à des interventions quotidiennes, et ce n’est pas facile pour ceux qui travaillent, avec une exigence de ponctualité », mentionne Véronique Quentin, Chargée de mission à la Ligue de l’enseignement. L’année dernière 163 enfants ont pu bénéficier de ces séances de lecture.
Une vingtaine de bibliothèques
Pendant la conférence-ateliers, ça lit et ça travaille à la bibliothèque de Cavani. La DLLP est la première de l’île, « inaugurée en 1989 », soulignait Mariame Saïd, vice-présidente Chargée de la Formation. Depuis, une vingtaine ont poussé sur l’ensemble du territoire, même si on note une forte concentration sur le Grand Mamoudzou. Des structures partenaires œuvrent dans ce sens : « Les PMI avec l’accompagnement des parents et des bébés sur la lecture en salle d’attente, des antennes de l’Agence régionale du Livre, et des bibliothèque de rues, dans les lieux reculés. »
L’idéal est bien entendu d’avoir des parents « qui s’impliquent dans la lecture », c’est dire l’importance des bénévoles pour tous les enfants qui n’ont pas cette chance. Si vous avez du temps à donner, allez sur le site de la Ligue de l’enseignementà Mayotte, il est très didactique.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com