Depuis la nuit de dimanche à lundi où des coups de feu ont été entendus, la capitale d’Anjouan Mutsamudu semble isolée. Les forces de l’ordre comoriennes seraient intervenues en ouvrant le feu pour libérer les routes des barricades érigées un peu partout.
Des portraits à l’effigie du président Azali Assoumani seraient brûlés, dénonçant une évolution du pays vers la dictature. Un écrivain suspecté d’avoir pris part au coup d’Etat avorté en août, Saïd Ahmed Saïd Tourqui, dit « Sast », est incarcéré depuis. L’ancien président des Comores, l’anjouanais Abdallah Sambi est assigné à résidence surveillée à Moroni (Grande Comore) « en vue de préserver l’ordre et la sécurité publics », lui avait-on signifié.
Le contexte incite à penser qu’Anjouan ne veut pas laisser passer une présidence qui est en train de lui échapper. Tous les 5 ans en effet, elle revient à une des trois îles à l’issue de primaires. Après le grand-comorien Azali Assoumani, c’est donc à Anjouan que vient le tour, pour un scrutin prévu en 2021. Un système censé protéger l’Union contre l’instabilité des coups d’Etat à répétition. Mais ses dirigeants ont du mal à rester dans les clous. Le président actuel a décidé de changer la donne, encore plus profondément que ne l’avait tenté avant lui Sambi, qui était parvenu à prolonger d’un an son mandat.
Un air de déjà vu
Azali Assoumani, lui, n’a pas fait les choses à moitié en supprimant la Cour Constitutionnelle, et en instaurant la possibilité pour une île de bénéficier deux fois de suite de la tournante. Il a prévu des élections anticipées en 2019.
Selon nos informations, la population reste terrée chez elle, en particulier les ressortissants français.
Des évènements qui ressemblent à ceux de l’année 1997 pour ceux qui les ont vécus, année où une partie de la population d’Anjouan, ils étaient 7.000, avait décrété l’indépendance vis à vis des Comores, en brandissant une photo de Jacques Chirac et en hissant un drapeau tricolore devant l’ancien palais du gouverneur à Mutsamudu. Mohéli avait suivi quelques jours plus tard.
Mais il est encore trop tôt pour dessiner l’avenir de ce mouvement, « quelques jeunes manipulés par des hommes politiques », comme le soutient le gouvernement comorien, ou une révolte plus profonde ?
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com