Pour l’instant, seul le préfet et Délégué du gouvernement fait des points réguliers, comme ce fut le cas encore ce mercredi, sur les avancées en matière de sécurité du Plan avenir pour Mayotte. C’est d’ailleurs le seul axe qu’agrée le député Mansour Kamardine, « la sécurité, c’est le seul point de respiration ». Quant au reste, il critique un Plan fait « pour les étrangers ».
Il appuie son propos par deux exemples : « Sur le plan scolaire, nous avons assez d’établissements pour scolariser les enfants mahorais. Donc, les 500 millions d’euros prévus au plan sont orientés vers les clandestins, et ne suffiront même pas au regard des kwassas qui arrivent chaque nuit. Si je reprends les chiffres de la ministre des outre-mer d’arrivées quotidiennes de 120 personnes, je peux dire que depuis le 21 mars (date de l’arrêt des reconduites), 20.000 clandestins ont touché nos côtes. Ce Plan encourage l’immigration clandestine ».
Autre exemple, le logement : « Les Mahorais ont l’habitude d’être propriétaires, aucun n’ira dans un locatif social. » Ce fut le raisonnement jadis, mais, bien que très aidés par les communes, beaucoup de pouvaient rembourser les échéances et devaient quitter leur logement, « mais c’est précisément parce que l’Etat n’a pas mis en place les allocations comme elles existent en métropole. On nous explique que cela peut générer un appel d’air, mais pas davantage que les arrivées actuelles. »
Pas de mesures structurelles
Bien que le préfet le démente à chacune de ses interventions, pour Mansour Kamardine ces deux mesures prouvent que « tout est fait pour une régularisation à l’échelle industrielle. Les Mahorais veulent bloquer le Service des étrangers car on sait très bien par exemple que les demandeurs d’asile qui n’ont pas obtenu leur statut, reste sur le territoire. » Une problématique nationale.
Il évoque les 8 Sri Lankais renvoyés immédiatement par le préfet de La Réunion, ainsi que les 18 migrants de l’Aquarius péniblement acceptés par la France, « et on voudrait que Mayotte prenne toute la misère humaine ! »
En matière de titre de séjour d’exception, qui n’autorise pas un détenteur de titre à quitter Mayotte, nous l’avons interrogé sur son action de parlementaire : « Les propositions que nous avons faites avec le sénateur Thani ne sont jamais passées. Il faut attendre le prochain texte sur l’immigration pour tenter de nouveau. »
Un Plan qui « ne parle pas » non plus au développement de Mayotte : « Nous attendons une piste longue, un 3ème quai à Longoni, des routes, le développement du numérique, des équipements sportifs… des infrastructures pour l’île qui créeraient des emplois ». Même chose pour les minimas sociaux, « il nous faut un vrai plan de convergence. »
Il revient sur le taux de moitié de population en situation irrégulière, « Mayotte est un territoire généreux, nous accueillerons tous les étrangers arrivant ici par une voie légale ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com