Installation facilitée des médecins à Mayotte, une des mesures de la nouvelle politique de santé

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Martine Ladoucette et Dominique Sorain, lors du point sur la préfiguration d'une ARS autonome

Avec comme première mesure issue du Plan Avenir pour Mayotte, un budget propre au 1er janvier 2019, pour cette ARS Mayotte dont il faut encore définir les missions. On serait tenté de répondre, « ben, les mêmes que celles assumées par l’ARS OI pour La Réunion », mais certaines sont « complémentaires ou nécessitant une mutualisation des moyens » entre les deux territoires, précisait Martine Ladoucette, directrice générale de l’ARS OI. Deux groupes de travail devront les définir, travaillant au niveau national et régional.

En plus de l’éclatement des effectifs de l’ARS OI en deux, celle de Mayotte bénéficiera de 11 créations d’emploi, dont la secrétaire générale, Nathalie Ramassamy qui secondera le directeur général Xavier Montserrat, Mouhoutar Salim étant le directeur de la direction Mayotte. Neuf chargés de mission seront recrutés dès janvier 2019.

Mais une politique de santé sans professionnels ne nous mènera pas loin. « A 2 ou 3 prés, la quarantaine de postes d’interne sont pourvus », affirme de nouveau Martine Ladoucette, par contre, la quinzaine de postes supplémentaires d’assistants spécialistes, « des médecins qui viennent de terminer leur internat », soit trente au total, « sont budgétisés, mais non pourvus ». Il va falloir que le CHM communique et vende la destination Mayotte, son lagon, etc. « auprès du CHU de La Réunion, mais aussi en métropole ».

Aux petits soins pour les médecins

Une ARS « au service de la population mahoraise » portée par Xavier Montserrat et Mouhoutar Slim

Comme la DG l’avait annoncé un décret facilitateur d’installation des médecins est bien en préparation : « Pour percevoir la totalité de leurs indemnités d’exercice, ils devaient s’engager à rester 4 ans, la durée va être ramenée à 2 ans renouvelables. » Arrivant bientôt à l’échéance des 4 ans, on risquait de voir s’évanouir dans la nature les médecins qui étaient arrivés grâce à cette mesure, « une soixantaine », selon Martine Ladoucette. Mais en avaient bénéficié les médecins déjà présents sur le territoire, qui n’étaient donc pas venu pour cette carotte financière. Un préavis de grève du corps médical pour le 15 octobre vient d’être levé grâce à l’annonce de ce décret. La CMU qui permettra « l’accès facilité aux soins pour les Mahorais » sera mise en place en 2022.

C’est l’étincelle qui avait mis le feu aux poudres de la mobilisation pour une ARS autonome : les crédits du Fonds d’Intervention régional (FIR) destinés à soutenir les actions des opérateurs en santé, dont le CHM, ne vont plus stagner à 7 millions d’euros quant ils auraient dû se monter au double, puisqu’ils sont accrus de 50% en 2018, et idem en 2019, année où il devraient atteindre prés de 15 millions d’euros. Pour être précis, les 3,9 millions d’euros supplémentaires de 2018 n’ont été qu’engagés, pas dépensés. A suivre donc.

L’objectif de cette refonte est d’avoir une ARS « au service de la population », comme le résumait Xavier Montserrat, avec une « autonomie juridique et financière », inscrite dans une démarche de « démocratie en santé », et de « prévention de santé publique », reprenant le concept de santé communautaire dont il fera son axe de travail.

« La santé, c’est ne pas être malade »

Les étudiants en DU de Santé communautaire

La santé communautaire, c’est aussi Mouhoutar Salim qui la porte, « le Mahorais doit être acteur de sa propre santé, et la santé, ce n’est pas attendre d’être malade pour s’en préoccuper ». Comme l’a démontré la mise en place du Diplôme universitaire, les valeurs de santé communautaire s’appuient sur un système déjà existant à Mayotte, comme le chicoha.

Par ordre décroissant, les priorités en matière de prévention seront mises peu à peu en place pour coller à notre réalité : la santé nutritionnelle, la santé sexuelle et reproductive autour du planning familial, « dont une campagne sera lancée le 1er janvier 2019 », la santé environnementale, et la lutte contre les addictions.

Les travaux urgents à mener au CHM budgétisés à 30 millions d’euros, seront financés par l’Etat pour 20 millions d’euros, et un emprunt de 10 millions d’euros, sur les réalisations d’une salle de césarienne, d’une salle de travail supplémentaire. Une fois l’obstétrique sécurisée, et le bloc opératoire ainsi libéré, les capacités d’hospitalisation doivent être agrandies, les consultations externes regroupées, « avec notamment la délocalisation du dispensaire Jacaranda à Kawéni ». Il va falloir pour cela accompagner la direction de l’hôpital, « surtout par une ingénierie financière », complétait le préfet. Car une consommation dans les clous sera bénéfique au programme qui suit de 172 millions d’euros, « pour son extension et sa modernisation ».

La dotation en personnel de santé supplémentaire passe aussi par la formation, notamment celle des infirmiers à l’IFSI, « dont le quotta est porté de 30 à 45 ».

Le branle-bas de combat médical est en marche pour une ARS autonome le 1er janvier 2020, et en toute transparence, insiste le préfet Dominique Sorain, car nous le territoire en a manqué par le passé, le site « Transparence » va d’ailleurs être lancé pour suivre les avancées du Plan.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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