La Croix rouge, c’est un peu la pâte « Répare tout », « nous intervenons lors de tous les phénomènes, de crise, sanitaire, sociale ou climatique », explique Jean-Christophe Combe. Une action en amont, « pour préparer les populations », sur le tas « pour limiter les effets », et en pansement, « pour aider à la reconstruction ».
La Croix Rouge de Mayotte a peu à peu investi ces champs, « en passant de 5 salariés à 50 en 8 ans », souligne Michel Henry, directeur de l’antenne territoriale de la Croix Rouge. Une nécessité pour son directeur général, « car les outre-mer connaissent des besoins sociaux grandissants ».
Parmi ses actions, on note la Santé nutritionnelle, une aide alimentaire sous forme de coupon adressés à la demande des Centres communaux d’action sociale (CCAS), qui est en réalité une porte d’accès pour une prise en charge plus globale, « notamment le soutien à la parentalité » souvent défaillant, ou le diagnostic des situations des personnes en difficulté « pour les orienter vers les organismes adéquats ». Ils sont présents dans 12 communes sur 17.
Des jeunes pour embellir les quartiers
En 2017, on compte 13.000 bénéficiaires de bons alimentaires, soit un budget de 600.000 euros financé par la Direction de la Jeunesse et des sports, l’ARS et la Caisse de sécurité sociale. Le budget total de la Croix rouge Mayotte avoisine les 2,5 millions d’euros.
L’épicerie sociale mobile, mise en place depuis le mois de septembre suit la même logique d’accès aux plus démunis, en apportant un plus, « se déplacer au devant des gens ». Des soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées et soufrant de handicap sont également proposés sur Mamoudzou et Koungou, « nous allons bientôt les étendre au Centre »
Auprès des jeunes, des chantiers éducatifs sont proposés, de fresques d’embellissement des plateaux sportifs, de farés, de petits jardins, des tables de ping-pong, etc. « Nous effectuons ainsi un repérage des mineurs isolés et pouvons dispenser une déduction aux pratiques à risque, notamment en santé sexuelle ». Managé par l’artiste Papajan et par les éducateurs spécialisés de rue, il leur est demandé un vrai travail de préparation de chantier, et d’analyse de leur travail, « notamment des valeurs partagées lors de sa réalisation. » Environ un millier de jeunes de 11 à 18 ans sont concernés par commune.
2.000 personnes dans une caravane
Une manière aussi de prévenir les crises sociales, « et que nous accompagnons quelque soit la cause, que ce soit sur des conséquences de ‘décasages’, ou de rattrapage du droit du travail puisque Mayotte est toujours en régime d’exception. Nous ne faisons pas de différences entre les populations aidées », tient à préciser Jean-Christophe Combe.
Quant aux risques naturels, ils sont pris en charge par la Plateforme régionale d’Intervention de l’Océan Indien (PIROI), qui siège à La Réunion, et qui va être renforcée. Des locaux à côté de l’aéroport sont disponibles pour prépositionner du personnel de crise. « Pendant la période sismique, de la prévention a été menée dans les communes, et la ‘caravane d’été’ des gestes qui sauvent a permis d’initier 2.000 personnes aux catastrophes naturelles », explique Yassine Boina, président de la Croix rouge Mayotte.
Les liens avec les élus ne sont pas encore figés dans le marbre, loin s’en faut, « mais ils ne restent pas indifférents aux activités que l’on propose, surtout depuis que nous passons par leurs CCAS. Nous avons notamment proposé des hébergements d’urgence lors de la coulée de boue dramatique à Koungou, ainsi que lors de l’incendie à Kawéni. » La Croix rouge est la seule structure agréée « sécurité civile » sur l’île.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com