Grève transport scolaire : « L’outil destiné au service public est utilisé contre lui »

La circulation était de nouveau difficile ce mardi matin dans le sud de Mamoudzou en raison d’un blocage des salariés de la société Matis. "Les voies sont actuellement dégagées", indique la police, mais on nous signale une grosse opération escargot. Le conseil départemental, qui ne veut pas discuter sous la pression, assure de la garantie de l’emploi, mais ne peut s’engager sur les modalités.

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A 7h30 ce mardi, la police nationale nous faisait savoir qu’elle avait libéré le rond-point de Passamainty, « nous avons fait évacuer les bus », pour ensuite empêcher un éventuel blocage à Kawéni, « nous escortons une colonne de bus pour les évacuer de Mamoudzou ». Une opération escargot en fait, qui bloque la circulation dans les deux sens. Les 65 salariés du syndicat FO Transports réclament toujours ouvertement d’avoir davantage de précisions sur leur avenir, effrayés qu’ils sont de passer d’une grosse boite, Matis, à des petites infrastructures où les droits des salariés ne sont pas les mêmes, « on sait que des patrons ont parfois du mal à payer les conducteurs », expliquaient-ils au JDM. Mais le conseil départemental semble déterminé à ne pas vouloir agir sous la pression.

Son président Soibahadine Ramadani explique dans un communiqué avoir répondu favorablement aux demandes de concertations préalables : « Le 7 août 2018, le Conseil Départemental a adressé un courrier au syndicat Force Ouvrière pour rassurer les salariés concernés quant à son intérêt à la sauvegarde des emplois et des acquis sociaux et a fait part au syndicat de sa disponibilité à le recevoir à la fin du mois d’aout ». Mais selon le président du CD, le syndicat n’a pas donné suite, « pour des raisons qui lui sont propres », mais par contre, le mouvement a été suspendu. Ce 19 octobre, le syndicat FO a réitéré un dépôt de préavis de grève, mais il n’y a pas eu cette fois de rencontre avec le président du conseil départemental qu’ils exigeaient de voir « en personne ».

D’autre part, le porte-parole du CD, Ali Debré Combo, complète, « le préavis de grève ne nous était pas destiné, puisqu’il s’adressait officiellement à la direction de Matis ». Mais vérification faite, le préavis était bien adressé au président du département. (Lire préavis de grève dans le réseau transport HALO 29 octobre 2018)

Rendez-vous manqué

Une colonne de bus escortée par la police vers Koungou

Alors que le marché des transports scolaires n’est pas encore lancé, il explique au JDM que « la garantie de reprise en emploi » est obligatoire, « c’est règlementaire, et nous serons vigilants », mais ne peut pas prendre d’engagement sur les modalités de reprise dans telle ou telle société, « sans porter atteinte à la règle de la concurrence et aux règles correspondantes en matière de reprise du personnel, on veut nous pousser à la faute ! », ne sachant pas encore quelles sont les sociétés qui remporteront les 7 lots, dont la gestion. Ce dernier lot est actuellement attribué à Matis qui exerce également en tant que transporteur, il faudra donc désormais qu’elle opte pour l’un ou l’autre, pour se conformer au nouvel allotissement voté par le CD en juin.

S’il n’y avait pas eu de réaction immédiate à cette évolution, c’est que le Département avait pris un avenant prolongeant la situation actuelle jusqu’à la rentrée d’août 2019.

Passage à Majicavo Koropa du convoi de bus encadré par la gendarmerie

Une réunion devait se tenir hier entre le Département et les manifestants, finalement annulée, « ils ne voulaient pas traiter avec le directeur des transports chez nous », selon Ali Debré Combo. Qui s’étonne d’avoir vu arriver le directeur de Matis à la table des négociations, « alors qu’il expliquait en matinée ne pas pouvoir contrôler ses salariés grévistes ».

Le président du Département, critique la « prise en otage des collégiens, lycéens et étudiants, « s’étonne que les véhicules d’une entreprise soient largement utilisés pour réaliser les blocages qui créent des entraves à la circulation », et fustige « une rupture d’égalité manifeste dans l’accès et à la continuité d’un service public », en clair, « on utilise l’outil destiné au service public, contre celui-ci », reproche Ali Debré Combo.

Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com

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