La direction se défend de toute discrimination, mais tient à cette mesure.
« La santé a un coût », rappelle Catherine Barbezieux, directrice du CHM, pour qui il est « essentiel qu’il y ait une prise de conscience du coût de ces actes, même si on est loin du coût réel ».
En d’autres termes, c’en est fini des consultations gratuites pour tous à l’hôpital, qui change ainsi de politique. Pour toute consultation sur rendez-vous, il faudra s’acquitter avant de voir le médecin d’une somme de 25€, calquée sur le prix d’un généraliste libéral. Pour les autres consultations, le tarif sera de 10€. Ceux qui ne les ont pas seront soignés, mais recevront une facture. « L’hôpital émettra un titre de recette, c’est à dire une facture, à tous les patients qui se présenteront » reprend Catherine Barbezieux. « Il est hors de question de laisser des personnes se dégrader ou mourir, on a des valeurs hospitalières qui sont d’ailleurs inscrites dans la loi ».
En l’absence de tiers payant à Mayotte, ceux qui ont en revanche une sécurité sociale n’auront toujours rien à payer « c’est l’hôpital qui prendra en charge ».
Faire payer les non-affiliés, souvent des étrangers en situation précaire ou irrégulière, pose selon Issa Issa Abdou, président du conseil de surveillance du CHM « la question de l’absence d’aide médicale d’état (AME) et de CMU-C à Mayotte. Leur mise en place permettrait à l’Etat de mieux mesurer le coût des soins aux non-affiliés pour le prendre en charge, c’est pour ça que l’Etat semble si frileux » estime-t-il. Il salue néanmoins « un signal fort et symboliquement important ».
Pas de remise en cause de la dotation globale
L’établissement de factures, une première au CHM, permettra aussi un meilleur suivi des actes médicaux de l’établissement. Mais cela ne devrait pas impacter son financement.
« La dotation globale n’est absolument pas remise en cause, assure la directrice, rien ne laisse penser qu’on passerait à l’acte, ce n’est pas un galon d’essai pour ça. »
Le paiement des consultations en revanche n’est pas tout à fait nouveau. Une telle mesure existait déjà jusqu’en 2016. Le CHM avait alors été « mis en demeure de se conformer à des règles internationales qui imposent la gratuité des soins aux mineurs de moins de 18 ans et aux femmes enceintes » explique Catherine Barbezieux. Le nouveau système de facturation vient chercher une sorte de juste milieu.
Y.D.
Au CHM, les consultations deviennent payantes pour les non-affiliés
Des factures pour les patients, c'est une première au CHM. Sa directrice est décidée à faire "prendre conscience que la santé a un coût". La consultation coûtera entre 10€ et 25€.