La chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCI) recevait ce mardi le principal éditeur de logiciels destinés aux collectivités locales mahoraises, Arpege. L’entreprise de métropole revendique comme clients 16 des 17 communes de l’île, et 1600 sur tout le territoire national. Leur spécialité correspond à deux enjeux majeurs de l’île au Lagon « l’enfance et la famille d’une part, et l’état civil d’autre part » explique le responsable du pôle « e-administration » de l’entreprise, Gabriel Alibert.
En soi, ces logiciels intéressent peu le grand public, puisqu’ils sont destinés à être utilisés par les agents de mairie pour l’essentiel. Sauf que la dématérialisation des démarches amène de plus en plus les administrations à créer un espace en ligne sur leur site web, lequel renvoie au logiciel professionnel. En clair, lorsqu’on fait une démarche depuis chez soi, les données sont directement transmises à l’agent public, qui n’a pas à les ressaisir comme il le ferait avec un courriel ou un formulaire papier. « Cela réduit le risque d’erreur et c’est du temps gagné » vante Gabriel Alibert.
Les usages sont variés : paiement de la cantine scolaire, demande d’acte de naissance ou même déclaration à l’état civil peuvent en théorie se faire en ligne, si la mairie le souhaite. D’autant que de nouveaux outils apparaissent. « La nouveauté, c’est le lancement de MCity, une application mobile qui permet de recevoir des informations sur sa commune et de faire ses démarches en lignes depuis son smartphone. Avec une population jeune qui utilise essentiellement des smartphones, les gens n’utilisent plus d’ordinateur, il faut donc un canal de communication qui utilise les mobiles, c’est un enjeu important des prochaines années ».
Un retard à rattraper
Toutefois à Mayotte le retard est flagrant. L’application mobile susmentionnée n’est pas encore déployée ici. Peu de foyers ont un accès à Internet. « Autre gros problème, la lutte contre l’illettrisme, note Sourane Mohamed Soulé, patron de Serve U, installateur de ces logiciels d’administration. Avec l’accès à Internet, c’est un gros chantier ». Du coup aujourd’hui, malgré les opérations de communication de ces entreprises, les démarches en ligne sont encore rares à Mayotte, et aucune commune n’a fait la demande pour l’application mobile.
De plus concernant l’état civil, des inquiétudes subsistent sur les risques de fraude. Mais les entrepreneurs l’assurent, les démarches en ligne sont non seulement sécurisées, mais aussi conçues pour éviter tout abus. Non seulement il est interdit d’envoyer par courriel un acte de naissance, mais en plus toute démarche liée à l’état civil est conditionnée à la fourniture de pièces justificatives sans lesquelles la demande ne peut être finalisée.
Pour le reste, Mayotte fait son chemin numérique, « des moyens publics vont être mis en place pour accompagner la population » vers la dématérialisation, assure Sourane Mohamed Soulé qui évoque une volonté de l’Etat de numériser de plus en plus de démarches et d’alléger les guichets physiques. Tout ce qui se fait ailleurs, mais pas encore à Mayotte, devrait donc pointer son nez dans les mois à venir, et faire gagner bien du temps aux usagers.
Y.D.