Salimata Ahamada Gaya, première Commissaire aux comptes mahoraise

« Quand il y a une difficulté en vue, ça ne me fait pas peur, je réfléchis, en me demandant comment la surmonter » : le caractère bien trempé des expériences qu’elle a traversées et forte de ses 42 ans, Salimata Ahamada Gaya envisage l’avenir comme un large éventail des possibles.

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Salimata Ahamada Gaya, fraîchement diplômée, a déjà ouvert son cabinet

Le JDM : Où avez-vous suivi vos études ?

Salimata Ahamada Gaya : « En totalité à Mayotte, en terminant par un Bac STTG, mention AB au lycée de Mamoudzou, qui m’a permis de m’inscrire en BTS Comptabilité Gestion à Montpellier. Avant mon départ, tout était cadré, la résidence étudiante, le budget, tout.
Le virus de la comptabilité, c’est ma tante, Fatima Souffou (actuellement 1ère vice-présidente du Département, ndlr), titulaire d’un DUT Comptable, qui me l’a transmis. J’ai ensuite intégré l’école ISEM* toujours à Montpellier, qui préparait à l’expertise comptable. Dont j’ai passé le diplôme en novembre 2017. »

Une épreuve compliquée ou pas ?

Salimata Ahamada Gaya : « Ce fut intense, notamment en raison de bouleversements dans ma vie privée.
Pour préparer le diplôme final d’expertise, on nous demande de présenter un mémoire. Je voulais développer un sujet sur Mayotte, pour faire connaître l’île auprès de nos institutions parisiennes. Je suis rentrée à Mayotte pour tisser un réseau avec les professionnels sur le sujet de « L’application de l’octroi de mer à Mayotte, accompagnement des producteurs locaux par l’expert comptable ». En commençant mes 9 mois de rédaction, je me suis aperçue que j’étais enceinte ! Ça nous a obligés à anticiper notre départ à Paris pour ne pas risquer d’être bloquée au moment de présenter le mémoire. Je l’ai passé le 24 novembre 2017, et j’ai accouché 3 semaines après de mon 3ème enfant ! »

Expliquez-nous la différence entre les exercices d’expert comptable et de commissaire aux comptes

Une complicité et un appui indispensable de son mari, Daniel Abdou

Salimata Ahamada Gaya : « C’est une seule et même personne, mais tous les experts comptables ne sont pas nécessairement commissaires aux comptes, nous sommes d’ailleurs deux mahorais à avoir le diplôme d’expert comptable, mais je suis la première commissaire aux compte. Je m’explique : certaines heures du stage préalable à l’obtention du diplôme d’expert sont consacrées au commissariat aux comptes. Le premier répond à une mission contractuelle, tandis que celle du second est définie par la loi. Il certifie les comptes des entreprises à partir d’un certain montant de chiffre d’affaires, et des associations quand elles touchent des subventions supérieures à 153.000 euros. »

Depuis quand êtes-vous commissaire aux comptes ?

Salimata Ahamada Gaya : « J’ai prêté serment devant la cour d’appel de Saint Denis de La Réunion le 26 octobre dernier, c’est tout frais ! Je suis à Bac+10 pratiquement maintenant (rires). «

Vous travaillez pour un cabinet, ou êtes-vous à votre compte ?

Salimata Ahamada Gaya : « Comme j’ai passé mon diplôme dans le cadre d’une formation en apprentissage, j’ai travaillé pendant 3 ans à La Réunion dans les cabinets Compta Est puis Hervé SARL, racheté depuis par RSM, basé en métropole. Ça aurait été confortable d’y rester, mais j’ai préféré créer mon cabinet May Expert Comptable en Petite Terre, dans lequel j’ai investi. J’ai obtenu un micro crédit qui m’a permis d’accéder à un prêt bancaire, sinon, c’était impossible. J’ai aussi sollicité l’ADIM où mon dossier est en cours d’étude. Un cabinet que je devais ouvrir en mars, mais la grève a tout retardé, en reportant son ouverture au mois d’août. J’ai trois collaborateurs qui gèrent une trentaine de dossiers, et je compte ouvrir un second cabinet dans la galerie Caribou, en Grande Terre. »

Une aventure, donc ! Quel a été le cap le plus difficile à passer ?

Salimata Ahamada Gaya : « Lorsqu’il fallait trouver un stage pour préparer l’expertise comptable, je n’avais aucune proposition en métropole. Ce n’était pas facile, là, j’aurais pu lâcher, car sans attestation de fin de stage, on ne peut passer le diplôme final. J’ai décidé de partir à La Réunion, où j’ai décroché une promesse d’embauche. Et pendant ce temps, c’est mon mari, enseignant, qui gérait les enfants, et qui a porté le foyer pendant toute la période où je n’avais pas de revenus. »

Daniel Abdou (son mari, arrivé entretemps) : « On avait un objectif, je savais qu’elle en était capable ».

Salimata Ahamada Gaya : « Mais je voudrais rajouter, pour tous les jeunes que je commence à accompagner, notamment au sein de la Plateforme initiative Mayotte, que j’ai commencé à apprendre à l’école en n’étant éclairée qu’avec une lampe à pétrole, mais que j’avais la volonté d’y arriver. »

Daniel Abdou : « Et moi, je faisais des kilomètres à pied pour aller à l’école ! »

Et votre plus grande joie ?

 Salimata Ahamada Gaya : « Après mes deux beaux garçons, j’ai eu une magnifique fille, au terme d’une grossesse difficile. Après seulement, vient la validation de mes diplômes. »

Accompagner les jeunes au sein de la Plateforme Initiative Mayotte de la CCI

Comment envisagez-vous l’avenir ? Plus zen ?!

Salimata Ahamada Gaya : « Non ! Bien que le meilleur reste à venir. Car si mon cabinet a des perspectives intéressantes, notamment avec les prêts d’honneur et les fonds d’urgence aux entreprises qu’il faut accompagner, nous sommes aussi menacés par la loi PACTE, qui aligne les seuils d’obligation de recours à un commissaire aux comptes sur ceux de l’Europe, en les relevant. Avant, les entreprises y étaient tenues à partir de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, le projet de loi le prévoit à 8 millions d’euros. , Or, si ces entreprises ne sont pas contrôlées, les banques leur feront moins confiance. »

Avec la formation à la digitalisation, et l’accompagnement de « nombreux jeunes », la tranquille Salimata Ahamada Gaya n’est pas du tout prête à lever le pied.

Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond

* Institut des Sciences de l’Entreprise et du Management

2 Commentaires

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