Turn over et consommation du FSE abordés avec Muriel Pénicaud à la CRESS

À l’occasion de la venue à Mayotte de Muriel Pénicaud, une séquence d’échanges a été organisée entre la Ministre du Travail et l’équipe de la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire ce 18 novembre 2018 dans les locaux de la CRESS. Un échange qui se voulait « franc et constructif », c’est à dire que des messages sont passés.

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Les acteurs de la CRESS ont fait remonter des problèmes structurels à Muriel Pénicaud

« La venue d’un membre du gouvernement est toujours une occasion : celle de dire, de confronter des points de vues, de déconstruire pour mieux imaginer les évolutions, d’adapter des politiques publiques, leurs schémas et leurs mises en œuvre, particulièrement sur un département affichant un taux de chômage de 27% », précise la CRESS dans un communiqué.

« Cette rencontre est une opportunité pour les 448 entreprises et établissements de l’ESS mahorais de faire la démonstration de leur capacité à créer des emplois durables, à générer de la croissance et de la valeur ajoutée, pourvu qu’un certain nombre de risques soient écartés.

Un outil contre le turn-over

A Mayotte, l’homme et de plus en plus son environnement, sont au centre des préoccupations, des débats et des revendications. Pour la CRESS de Mayotte, il est opportun de réfléchir à l’optimisation de la ressource humaine sur le 101ème département qui souffre d’un turnover important, par exemple au travers d’outils simples et éprouvés telle une Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences (GPEC) Territoriale comme levier à la stabilisation du capital humain.

Cette table-ronde fût également l’occasion de poser la question de l’attractivité du territoire, en premier lieu pour nos jeunes qui, partant faire des études ou prendre de l’expérience, hésitent à revenir car les conditions ne sont pas encore tout à fait les mêmes que dans les autres départements français. Si le droit du travail s’applique, celui de la sécurité sociale pas encore.

En attente des mesures financières pour doper le secteur

Application tardive des mesures financières favorables à l’ESS

La CRESS a rappelé que Mayotte est devenue département en 2011 et RUP en 2014. Les défis sont grands. Le développement de Mayotte s’appuie nécessairement sur une économie de proximité, fortement ancrée dans les territoires et indissociable d’une tradition marquée par l’ESS. Toutefois les cadres et outils permettant aux entreprises, et par effet à l’emploi, d’être dopés par la croissance mahoraise (+7,2%) sont en cours de mise en place et encore très loin d’être déployés en totalité.

Le conseil départemental de Mayotte qui s’implique fortement dans l’ESS via le SRDE2I et sa stratégie régionale de l’économie sociale et solidaire, offre de véritables perspectives de développement des entreprises de l’ESS et des emplois. La CRESS de Mayotte constate que si les outils financiers et de programmation sont réfléchis comme le prévoit le cadre règlementaire (concomitamment avec les services de l’État), la question de son déploiement opérationnel reste encore à préciser.

Créer les conditions de consommation du FSE

Un fond structurel de l’Europe particulièrement dédié à l’emploi et à l’inclusion sociale, le FSE, est à Mayotte sous-consommé. L’explication tient en partie aux conditions de sa mise en œuvre. La CRESS interpelle sur les modalités urgentes d’amélioration de la situation afin que nos populations et entreprises puissent se saisir de cette opportunité pour devenir un vrai levier de développement économique local et inclusif.

Pour la CRESS, l’insertion par l’activité économique (IAE), domaine de l’économie sociale et solidaire, apporte des réponses concrètes aux problématiques identifiées telles que la lutte contre les exclusions et les inégalités sanitaires, sociales, économiques et culturelles. En 2017, les 16 SIAE ont embauché 908 salariés dont 828 (91%) en parcours d’insertion. La CRESS de Mayotte qui coordonne la politique d’achats socialement responsables, dans le cadre du projet ESSor co-financé par le FSE, a permis l’intégration de 32 clauses sociales dans les marchés publics, soit 38 423 heures d’insertion depuis début 2017. Ce dispositif fait preuve de son efficacité mais reste fragile dans son financement. La question de sa pérennisation est donc cruciale.

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