Rassemblement ce lundi matin devant le lycée de Sada où une lettre ouverte au préfet de Mayotte a été lue. Il s’agissait de dénoncer le caractère raciste de certaines prises de position envers un professeur de philosophie d’origine africaine.
Comme nous l’avons régulièrement rappelé, les parents qui ont initié l’alerte ne visaient que le contenu des cours qu’ils jugeaient insuffisants et l’attitude méprisante de l’enseignant. Ils nous avaient appelé ce week-end pour déplorer la tournure qu’ont pris les évènements, « c’est une récupération politique », et cherchaient même à communiquer pour se désolidariser de propos racistes lus sur le réseaux sociaux.
Le député Mansour Kamardine avait pris position, indexant « l’enseignant concerné ne serait pas citoyen français », ce qui depuis a été démenti, et son recrutement comme contractuel, qui se serait fait au détriment de « jeunes Mahorais diplômés ». Ces derniers sont priés de se faire connaître, car l’Education nationale cherche de la compétence locale précisément…
Les enseignants de leur côté partagent aussi la crainte que ces actes se retournent vers l’ensemble de leurs collègues qui seraient dans le même cas, notamment les contractuels. Ils ont donc décidé de se rassembler devant le lycée de Sada ce matin, afin de lire une lettre ouverte destinée au préfet de Mayotte. Ils ont débrayé jusqu’à midi.
La lettre pointe précisément la « violence de la démarche qui vise un homme et non un dysfonctionnement quelconque ».
Il a depuis été réaffecté au lycée de Chirongui.
Lettre ouverte du personnel du lycée de Sada
« À Monsieur le préfet de Mayotte
Sous couvert de Monsieur le vice-recteur de l’académie de Mayotte
Sous couvert de Mme la proviseure du lycée de Sada
Nous, les personnels du lycée de Sada, nous proclamons notre indignation face aux actions menées depuis lundi 12 novembre 2018 à l’encontre de notre collègue : nous dénonçons la violence de cette démarche, qui vise un homme et non un dysfonctionnement quelconque.
Depuis quelques jours, un collègue du lycée de Sada est mis en cause Nous dénonçons avec force les propos incitant à la haine, portés par une minorité, contre notre collègue, et relayés par certains médias.
Nous souhaitons protéger par ce communiqué la dignité de notre collègue et les valeurs de la République française, quelles que soient nos appartenances religieuses, ethniques, politiques, sociales ou autres.
Nous refusons de travailler sous la pression d’un groupe qui impose ses préférences dans le mépris du fonctionnement de l’éducation Nationale et des valeurs de la République, des décisions des supérieurs, de la dignité des professeurs et du respect des droits de l’homme et du citoyen que nous défendons.
Nous condamnons tout propos chargé de haine et de racisme, quels que soient les motifs invoqués ou les personnes concernées : nous condamnons ces attaques, génératrices de comportements diffamatoires, agressifs et destructeurs ; nous luttons et lutterons toujours contre les idées qui divisent, qui discriminent, qui vont à l’encontre des valeurs de la République.
Enfin, nous revendiquons un mode de communication respectueux et paisible, porté par la conviction que le développement et la réussite de nos élèves dépend nécessairement de la contribution collective à un monde qui prône l’entraide et la fraternité plutôt que la division et la haine.
Nous demandons que des poursuites judiciaires pour incitation à la haine raciale soient engagées à l’encontre de toutes les personnes qui ont tenu des propos racistes ou insultants par tag et sur les réseaux sociaux. »