« Le pôle sécurité, depuis deux mois, se crée petit à petit ». A Chirongui, la maire Roukia Hanima Ibrahima veut impliquer pleinement sa commune dans la lutte contre la délinquance sous toutes ses formes. C’est pour cela qu’est arrivé à Mayotte il y a trois mois Cédric Maleysson, le premier policier municipal de la commune. C’est pour cela aussi que la mairie tisse un réseau de « référents » dans les villages qui, à l’image des voisins vigilants, auront pour but de signaler d’éventuelles anomalies aux élus et à la gendarmerie. « Mais il ne s’agit pas de jouer vous-même aux gendarmes » avertit la première magistrate de la commune, « je ne mettrai pas de gilets jaunes à Chirongui » assume-t-elle, préférant donner à la sécurité des moyens en uniforme.
Cette police municipale qui sort de terre est désormais aussi dotée d’une convention avec l’Etat. « Cette signature, commente le préfet Dominique Sorain, se situe dans la ligne de nombreuses coopérations Etat-communes. Il s’agit d’optimiser nos moyens. Il est indispensable de se répartir les tâches pour assurer notre sécurité au quotidien. Pour cela nous avons besoin d’une police municipale forte. Il y a une attente très forte des Mahorais. »
Le procureur Camille Miansoni, qui a validé cette convention, dénonce régulièrement « le discours un peu curieux selon lequel la sécurité serait l’affaire de quelques uns, et pas des autres. Ceux qui commettent des actes de délinquance sont parfois nos voisins, nos cousins ou nos neveux. Chacun doit jouer son rôle, sinon on nourrira toujours des frustrations. On va agir, quitte à bouleverser des situations établies. C’est soit ça soit le chaos, on n’a pas le choix ».
Pour la maire de Chirongui, les initiatives variées de la mairie sont une nécessité. « nous devons lutter sur tous les volets pour lutter contre le fléau de la délinquance. Un seul outil ne suffira pas ».
Selon elle, la convention signée ce jeudi « formalise la continuité du service public ». Concrètement, elle rappelle et renforce les prérogatives de la police municipale sur le terrain afin de gagner du temps et de l’efficacité lorsqu’une infraction est constatée. « Notre travail c’est d’assister la gendarmerie et de faire remonter les informations aux services de l’Etat, précise Cédric Maleysson, la convention nous donne le droit de relever l’identité d’une personne et de la conduire à la gendarmerie pour la remettre à un officier de police judiciaire (OPJ). On transmet l’individu et notre rapport, qui sert ensuite à l’enquête. On travaille toujours sur réquisition du procureur ou d’un OPJ. »
La convention permettra aussi à la police municipale de Chirongui d’obtenir le droit de porter une arme, que ce soit pour le policier en place, qui est déjà formé, ou ceux qui seront recrutés et qui suivront à leur tour la formation nécessaire. Le port d’arme est notamment une obligation légale pour intervenir de nuit.
Y.D.
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