Et le public de Danièle Perez ce mardi au Centre Universitaire de Formation et de Recherches (CUFR), c’était plus d’une vingtaine de professeurs d’arts plastiques, qui ont découvert pour la plupart, des concepts tel que la « progression spiralaire », ou la « conscience disciplinaire », important pour cerner l’appréhension de l’enfant de cette matière.
En tout cas, à moins d’avoir consommé précocement des substances illicites, impossible que votre élève de 7-8 ans vous dessine un éléphant rose, « à cet âge là, il chercher à restituer le plus fidèlement possible la réalité qui l’entoure », expliquait Danièle Perez à une enseignante qui décrivait le mal qu’elle avait à leur faire dessiner de l’herbe qui n’était pas verte.
S’il est important de revenir sur ces stades de développement de l’enfant, c’est qu’il s’agissait d’expliquer l’articulation de l’enseignement des arts plastiques dans ce qui se nomme le cycle 3, « CM1-CM2-6ème ».
Du « réalisme fortuit » à Picasso
Un crayon à la main, le petit enfant de 3 ans va passer son temps à gribouiller, jusqu’à ce qu’un adulte s’attarde à ce qui pourrait ressembler à une fleur, une soucoupe volante ou son nounours, « c’est du réalisme fortuit ». Il va s’améliorer, quoique, avec du « réalisme manqué » à 4-5 ans, puis, du « réalisme intellectuel » à 7-8 ans, « par exemple, en dessinant une voiture vue de haut, avec la représentation des quatre roues, ou bien un visage avec deux yeux et un nez de profil : il veut tout renseigner de la réalité. » Il faut persister pour atteindre le surréalisme de Dali, Picasso ou Magritte.
A 9-10 ans, l’enfant entre dans le réalisme visuel, « en dessinant une perspective et en maitrisant les couleurs ». C’est l’âge de toutes les révélations dans ce domaine, « il y a ceux qui réussissent leur mise en perspective, ceux qui se penche sur l’expression de la matière plutôt, et ceux qui abandonnent le dessin pour se tourner vers l’écriture. »
Un blog pour tous
Pas de défaite dans cet enseignement où toute l’année est un champ des possibles de la découverte, surtout à Mayotte où les enseignants témoignaient d’élèves aux références artistiques quasiment nulles, « pourtant l’Histoire de l’Art est obligatoire dès le cycle 3 », une information à destination des professeurs des écoles. « Tout le monde n’a pas accès à internet, ou n’a pas une bibliothèque fournie, vous êtes les passeurs vers les affaires culturelles », enjoignait Danièle Perez.
Des échanges qui se sont déroulés jusqu’au soir, entre deux formations des professeurs préparant le CAPES. « Le contenu concerne tout le monde, nous explique Anne Bal, Conseillère Pédagogique dans cette matière, Danièle Perez est une source d’inspiration pour beaucoup d’enseignants, pour son expérience en collège, ses compétences en primaire, et son imagination créative dans la mise en place de nouveaux outils pédagogiques en appui des notions à dispenser. Son blog est d’ailleurs très prisé, structuré avec des séquences pour tous les niveaux ».
Avec ou sans pinceau en main, un blog à consulter pour sa créativité.
Anne Perzo-Lafond