Alors qu’à Mayotte, les autorités prônent le dialogue et multiplient les actions de sensibilisation auprès des parents, Paris semble passer à la vitesse supérieure. Selon le quotidien Le Parisien, le gouvernement « veut couper les allocations des parents des élèves violents ». Le retour au grand jour de cette idée, serpent de mer de la droite, fait suite à l’agression d’une enseignante par un élève armé d’un pistolet factice à Créteil.
Déjà avancée en 1959, en 2006 puis en 2011 dans la loi Ciotti sur l’absentéisme scolaire, l’idée de sanctionner financièrement avait été abandonnée en janvier 2013 lors de la mandature suivante. George Pau Langevin avait alors jugé cette loi «injuste et inefficace dans plus de 80% des cas». La majorité socialiste voyait dans cette mesure une « politique d’intimidation ».
Aujourd’hui il ne s’agit plus d’absentéisme, mais de violences. L’idée reste toutefois similaire : priver les familles d’une ressource nécessaire pour se nourrir, pour sanctionner les errements d’un jeune. Sur le fonds, l’idée pose déjà question.
Mais sur la forme aussi. Selon le Parisien, « les établissements scolaires feraient remonter les dossiers à l’inspection académique qui serait ensuite chargée de demander à la Caisse d’allocations familiales de cesser les versements. » Un proche du dossier explique au quotidien qu’il « faut une montée en puissance avec plusieurs avertissements avant de les suspendre. La simple menace est efficace auprès de la majorité des adultes ».
Mais la fédération de parents d’élèves FCPE est déjà vent debout contre la mesure. « Cette idée, estime son co-président Rodrigo Arenas, ça revient à transformer des personnels de l’Education nationale en juges chargés de déterminer qui mérite ou non de toucher cet argent. Mais juge, c’est un métier et ils peuvent déjà déchoir des gens de l’autorité parentale donc de leurs allocations. Quand on affirme que chacun peut faire le métier de l’autre, ça devient le café du commerce. »
Pour le ministre Blanquer, qui doit annoncer un plan violence en janvier, « ce n’est pas la même chose si vous avez une mère de famille seule avec quatre enfants et qui n’arrive pas à s’y prendre, là vous n’allez pas lui charger la barque, indiquait Jean-Michel Blanquer au micro d’Europe 1 en décembre. C’est autre chose si vous avez un clan familial qui encourage l’élève à faire n’importe quoi et qui prend la défense de l’élève contre les professeurs. »
Si l’idée venait à être appliquée à Mayotte, ce serait un coup de bambou pour les familles, et la mesure irait à contre-courant des actions déjà menées comme l’école des parents ou les multiples actions de formation et d’information sur la parentalité. Les annonces officielles permettront d’y voir plus clair sur la méthode et le champ d’application de cette réforme.
Y.D.