Ivre, il menace "d'épouser le cul" des gendarmes (sisi !)

Malgré la grève du barreau et de la magistrature, des affaires peu banales ont été jugées au tribunal correctionnel, avec leur cortège de punchlines. Florilège.

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Le téléphone était volé mais il « le trouvait beau »
« Cessez d’agiter la tête ça fait stupide ! » Le juge Bouvart était à prendre avec des pincettes ce mardi, le jeune homme qui comparaissait pour recel l’a appris à grand coup de piques verbales. Poursuivi pour avoir acheté un téléphone portable volé au mont Choungui le 15 juin dernier, il niait avoir eu connaissance du vol. Sans ressources, il aurait dépensé 200€ pour ce smartphone car il « le trouvait beau ».
Si, rappelle le procureur, « le code pénal n’impose pas que la personne qui recèle des biens reçoive un bristol avec l’origine du bien », autrement dit, ne pas savoir qu’il est volé n’absout pas le recel, le juge a estimé que « on n’est pas du tout certains qu’il ait eu conscience de la nature de l’objet volé ». Relaxé au bénéfice du doute.
« Non bis in idem »
C’est la locution latine du jour. Un Ougandais poursuivi pour conduite sans permis s’est rendu au tribunal faire face au juge. Lequel a remarqué dans le dossier qu’un confrère avait déjà rendu une ordonnance pénale en décembre dans la même affaire, le condamnant à 400€ d’amende. Non Bis In Idem. On ne peut être condamné deux fois pour la même chose. L’homme a pu repartir, mais devra payer son amende rapidement.
Le petit déjeuner à la bière

Les gendarmes sur la plage de Sakouli le 1er janvier 2016 (illustration)

« J’aimerais bien pouvoir épouser vos culs ». C’est, entre autres menaces de morts contre eux et leurs familles, les propos que deux gendarmes ont reçus de la bouche d’un alcoolique notoire. L’homme, condamné à de multiples reprises à La Réunion et à Mayotte, a un sérieux problème d’alcool, et quand il boit, il commet des délits. C’est pourtant en se présentant comme victime qu’en novembre dernier il avait approché ces deux militaires sur une plage, les yeux vitreux et tenant des propos incohérents selon eux. Peu après, il tombait sur les képis une pluie de propos fleuris. Cela fait moins mal qu’une noix de coco, mais rappelle le procureur, « ni vous ni moi n’avons envie d’entendre nos enfants menacés de mort ». L’homme qui affirme commencer chaque jour à boire de la bière dès 8h du matin est condamné à 6 mois de prison ferme. Ce sera sa 10ème mention au casier judiciaire. Et non, ça ne s’arrose pas.
« Vieillard chenu » et « jurisprudence Idéfix »
La forêt n’est pas un espace d’agriculture

« Deux ans de prison, ce n’est pas rien, le vieillard chenu que vous êtes devrait y penser ». Si la locution latine ne vous inspire pas, le juge Bouvart nous gâte d’un joli mot également d’origine latine qui signifie « blanchi par l’âge ». Un adjectif littéraire qui s’applique au vieil homme à la barre. Le septuagénaire était poursuivi pour avoir occupé et défriché une parcelle de forêt départementale à Choungui. Affirmant occuper ce terrain depuis « cinquante ans », il a menacé de tuer les agents forestiers qui ont arraché ses plantations. 11 zébus étaient aussi laissés en liberté, à paître au milieu de la végétation. Plusieurs arbres avaient été coupés, d’autres brûlés. L’homme, qui a déjà fait de la prison ferme, ne sera pas parvenu à convaincre qu’il avait le moindre droit sur ce terrain. « Parce qu’il y a planté, monsieur pense qu’il a droit à sa jurisprudence Idéfix et qu’il peut sortir les méchants romains de sa forêt » ironisait le procureur Rieu. Quant au prévenu, ses accès d’humeur à la barre et son âge canonique n’y auront rien fait, il a été condamné à la confiscation des zébus et à 120 jours-amende à 20€, soit 2400€ à payer, ou un séjour en prison.
Y.D.

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