« 2018 restera dans l’histoire, c’est certain ». En propos liminaire, et tout au long de son discours, la directrice du CHM est revenue sur les événements qui en 2018 ont perturbé la vie du centre hospitalier. De la grève du début d’année, aux séismes qui se poursuivent.
Des perturbations qui ont peut-être généré la baisse des naissances enregistrée l’année dernière, plus de 300 de moins qu’en 2017.
Des événements qui sont peut-être aussi à prendre en compte dans le retard annoncé par la directrice, concernant les travaux de l’hôpital de Petite Terre. L’établissement de 50 lits en soins de suite est attendu désormais, pour septembre prochain, soit 9 mois de retard.
Des événements aussi, qui ont obligé le CHM à redoubler d’inventivité pour fonctionner malgré tout, notamment avec, grâce aux barrages, « l’expérimentation du télétravail pour les agents les plus éloignés, depuis le centre de référence le plus proche de chez eux ». Une mesure qui répondait dans un premier temps à l’urgence, et qui s’est avérée positive. « Moins de fatigue, moins de coûts de déplacement pour eux, et moins d’impact sur l’environnement ».
Par ailleurs, « la mise en place de navettes pendant les mouvements sociaux a été très appréciée » constate la responsable, soucieuse de tirer du positif de ce qui fut une des périodes les plus difficiles de l’histoire du CHM, lors de laquelle il a fallu aux agents « puiser dans leurs ressources les plus profondes ».
Des événements enfin, qui ne semblent pas avoir effrayé les praticiens. Le CHM note une fidélisation des médecins, même si des difficultés de recrutement dans certaines disciplines persistent.
Dans un hôpital « pas toujours reconnu à sa juste valeur », la directrice veut en 2019 « restaurer la confiance de la population dans cet hôpital ». Un travail qui passera notamment par « la qualité des ressources humaines » et « la cohésion sociale », et avec un sérénité apportée par les 27 millions d’euros de l’ARS qui « nous a aidés à trouver des financements alors que le CHM était dans une situation critique ».
Un an après sa sortie, le CHM pourrait revenir dans le GHT
L’ARS et la cohésion sociale, Issa Issa Abdou, président du conseil de surveillance de l’hôpital, en a aussi parlé, mais avec plus d’inquiétude, voire de colère.
Après avoir rapidement salué les innovations de l’année passée, notamment l’inauguration de la salle Mélanie, dédiée aux enfants victimes de violences, et le travail d’associations comme Narike M’Sada et le Rotary, qui œuvrent en étroite collaboration avec le CHM, l’élu départemental a évoqué la sortie du groupement hospitalier de territoire. Cette sortie d’un groupement jugé inégal et injuste, notamment en raison de la répartition de l’enveloppe entre La Réunion et Mayotte, avait été actée pour un an renouvelable suite aux grèves de novembre 2017 au CHM. En fin d’année 2018, Issa Issa Abdou espérait voir cette période d’un an reconduite. « Le renouvellement d’un an nous menait à la direction de l’ARS Mayotte », date à partir de laquelle notre département aura son propre budget et sa propre gestion.
Mais le 27 décembre, coup de théâtre. La nouvelle directrice de l’ARS Océan Indien, Martine Ladoucette, « a réduit cette durée à trois mois ». Ce qui signifie que la sortie du GHT qui semblait définitive, pourrait prendre fin en mars prochain. Mayotte reviendrait ainsi dans un giron réunionnais. « Cela veut dire qu’on va revenir dans le GHT jusqu’en 2020, alerte Issa Issa Abdou, la conséquence c’est qu’on va nous obliger à centraliser nos achats, demander l’autorisation à La Réunion pour acheter le papier toilette qui manque dans les chambres ici ! Ça va mettre le feu aux poudres » prévient-il.
Estimant que cette décision viole les accords signés avec les partenaires sociaux, il annonce avoir saisi les parlementaires et la ministre de la Santé. « Il m’est permis de croire que le message est passé » souffle-t-il.
Y.D.