Vendredi, les pêcheurs qui ont jeté leurs lignes à plus d’une cinquantaine de kilomètres de Mayotte, ont aperçu un poisson mort flottant entre deux eaux. « C’est une espèce que nous ne connaissons pas », nous indiquaient-ils. Comme la préfecture les y avait invités à la suite de leur alerte de mortalité importante de poissons, ils ont rapporté le spécimen à terre. Mais étant donné que le week-end pointait son nez, ils l’ont congelé.
Ce lundi, la prise a été livrée à la DMSOI (Direction de la Mer Sud océan Indien, ex Affaires maritimes), qui s’est empressé de la déposer à la préfecture de Mayotte. « Les services vétérinaires sont en train de l’autopsier », nous explique-t-on ce lundi matin. Et en soirée, le verdict tombait : « Cela n’a rien donné. Peut-être parce qu’il a été congelé », il n’était donc pas frais leur poisson, mais froid, un constat qui aurait déplu à Ordralfabétix. « Mais nous avons gardé les viscère », tempère Etienne Guillet, le directeur de cabinet du préfet qui se mue tantôt en spécialiste sismique, tantôt en pro des ressources halieutiques.
Pas de pêche miraculeuse
Par contre, la prise révèle une information : il s’agit d’une espèce des grands fonds, « un grenadier, qui vit de 400 à 800 mètres de profondeur », nous précise-t-il. Voire 2.500m. Ce qui accrédite la thèse d’une perturbation de la faune pélagique, possiblement liée à l’essaim de séismes, et peut-être, une fuite d’une fracture de la croute terrestre. Les pécheurs évoquent une émanation olfactive, qu’ils estiment être du gaz, ou qui pourrait être du souffre.
La préfecture n’a pas attendu que les pêcheurs rapportent leur prise pour se rendre sur la zone, assez lointaine puisqu’elle serait proche du banc de la Zélée, à prés d’une centaine de kilomètres de Mayotte : « Nous avons envoyé un navire sur cette zone indiquée par les pécheurs, sans n’avoir rien identifié de spécial, ni en mortalité de poisson, ni en odeur spécifique. »
Pour les pêcheurs, il ne faut pas s’attendre à une pêche miraculeuse de poissons morts : « C’est très aléatoire, on les trouve au hasard, la mer est vaste, et c’est par temps très calme qu’on les repère. Nous demandons qu’une mission nous accompagne », interpelle Moussa Abdallah, le patron des pêcheurs de Petite Terre.
Anne Perzo-Lafond