Pascal Catto était venu en juin 2018 à Mayotte alors qu’il venait de prendre son poste de Délégué Outre-mer à la CFDT. Il s’agissait alors d’y mener une mission logement, qui vient d’être couronnée de succès : « Nous avions demandé que soit mis en place un Plan urgence Outre-mer. C’est Action logement qui nous a entendu, un organisme financé par les entreprises et les salariés, qui vient d’annoncer le déblocage de 1,5 milliard d’euros pour l’ensemble de l’outremer, notamment en accession à la propriété et la rénovation. Ils se déplaceront dans chaque territoire pour figer les priorités. » Mayotte pourra donc en bénéficier.
La grande actualité de 2018 pour les partenaires sociaux, furent les élections professionnelles dans les trois versants de la fonction publique, Etat, hospitalière et territoriale. Sur le plan national, les premiers résultats mettent la CFDT 2ème derrière la CGT, et à Mayotte, en tête chez les hospitaliers, au SIDEVAM, et dans 6 des 16 communes, et des percées ont été faites dans l’Education nationale. Des nouveaux élus qu’il faut former, c’est un des objectifs de sa mission, et plus particulièrement de celle d’Yves Labasque, qui l’accompagne.
Mais tout d’abord, Pascal Catto veut « pousser un coup de g… », le même qu’il y a 6 mois, et c’est peut-être ça le plus inquiétant : « Il y a des défis énormes à Mayotte : le nouveau code du Travail à appliquer, les Prud’hommes à préparer, le CREFOP* à installer, des évolutions dans la formation professionnelle. Et bien, à chaque réunion, seuls l’Etat et la Dieccte sont présents, jamais le conseil départemental. Et lorsqu’on prend rendez-vous, nous ne sommes pas reçus ! S’ils ont des demandes ou des revendications, nous pouvons les entendre, et même les porter, mais là, les élus sont totalement absents des débats. »
Peu demande de prime d’activité à Mayotte
Les sujets ne manquent pas en effet. En matière de Code de Travail on a même l’impression qu’ils se déclinent à l’infini : « Les entreprises qui passent aux 35 heures travaillées, payées 39h, doivent bénéficier d’un accompagnement de l’Etat sur le différentiel d’heures. Or, pour l’instant, aucune compensation n’est possible nous rapporte le Medef, en raison d’un problème de logiciel. »
Le décalage du RSA et celui du SMIC, sont aussi un sujet préoccupant : « Les cotisations patronales et syndicales sur le SMIC sont à 19%, quand elles sont de 45,5% au national. Si le SMIC net est le même, il y a une énorme marge pour arriver au même SMIC brut. Même en étalant le rattrapage, ça va être très dur pour les entreprises et les salariés de porter cette charge à eux-seuls. Nous avons donc demandé à la ministre des Outre-mer si l’Etat pouvait accompagner cette montée en puissance, pour accélérer l’échéance lointaine de 2036. » C’est la même problématique pour l’adaptation d’autres législation comme celle du handicap, il faut accompagner entreprises et salariés, pour la CFDT. Ces rattrapages en appellent un autre, celui des minimas sociaux, qui ne sont souvent qu’à la moitié qu’au niveau national, alors que l’impôt est le même.
Pascal Catto en profite pour signaler que la prime d’activité a été relevée sur le plan national, mais qu’il n’y a étonnamment que très peu de demandeurs, « 838 Mahorais en 2018. » Sous condition de ressource, son montant mensuel par exemple pour un foyer d’une seule personne est égal à 275,76 euros. Il suffit de contacter la Caisse de Sécurité sociale.
Nécessité d’une « conférence sociale »
Sur ce sujet d’ailleurs, étant donné que le code de la sécurité sociale n’est pas de droit commun à Mayotte, privant notamment les pères d’un congés paternité, le syndicaliste va « faire remonter » : « Si on ne veut pas mettre une nouvelle fois les gens dans la rue, il faut traiter ces sujets sérieusement. »
A ce propos, il préconise un grand raout biannuel, « une sorte de Conférence sociale, parrainée par le préfet, qui réunirait les partenaires sociaux, patrons et salariés, pour faire le point sur les chantiers à mettre en œuvre, comme la régionalisation de Pôle emploi, et discuter des points de blocage. » Un peu ce que propose le CREFOP*, mais en plus généraliste. Pendant 6 mois, chacun avancerait sur ses sujets, pour refaire un point ensuite. « Les partenaires sociaux sont d’accord ».
D’autres points ont été abordés, notamment avec le préfet cette semaine, notamment la mise en place des Prud’hommes en 2022 : « Il faut créer un nouveau modèle et former des conseillers prud’homaux interprofessionnels, donc commencer à recruter dès maintenant. »
La mise en place d’un lycée maritime est une nouvelle fois abordée, « financé par des fonds Etat et départementaux, et il faudrait un accompagnement par le Cluster national. Mayotte doit se développer par la mer. Justement, j’entends peu parler de développement économique. Avant de penser au tourisme, il faut réparer ce réseau routier, et traiter le problème des déchets. Les établissements hôteliers sont blindés de monde, mais lorsque nous avons voulu déjeuner à 13h15 hier, aucun établissement ne voulait nous servir ! Des accompagnements au développement existent, mais pour aller les chercher, les élus doivent mieux s’entourer. »
La régionalisation du Pôle emploi n’est pas une mince affaire, et pour que ce ne soit pas une coquille vide, il faut des moyens supplémentaires, « notamment du Pôle emploi national qui capte 10% du budget UNEDIC de 36 milliards d’euros par an ». Il voit donc d’un bon œil l’élection de Tsigoy Salimini, Chargé de l’organisation de l’UD CFDT Mayotte, à la présidence de l’instance paritaire de Pôle emploi.
L’événement phare maison, le Congrès CFDT Mayotte, se tiendra fin septembre, début octobre, « il se tient tous les 4 ans, et permet de dresser un bilan et de donner les orientations à suivre. »
Anne Perzo-Lafond
* Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles
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