Le passage aux 35 h toujours pas compensé, se plaint le Medef Mayotte

C’est une inégalité de plus, selon Carla Baltus, la présidente du Medef Mayotte, qui fait état de dysfonctionnements sur le passage aux 35h payés 39, et d’une différenciation d’aides entre les entreprises réunionnaises et mahoraises après les mouvements sociaux.

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La ministre Annick Girardin avait pourtant rencontré les représentants des patrons en mars 2018

Premier couac : le décret d’application du passage aux 35 heures à Mayotte n’est paru qu’en avril 2018, alors que le code du Travail s’applique depuis le 1er janvier 2018. Pour la première année de mise en place, les 35 heures en concernaient que les entreprises de plus de 20 salariés. Un plongeon dans l’inconnu pour elles, qui devaient payer 39 heures leurs salariés qui ne travaillaient plus de 35 heures par semaine, une réduction de temps de travail de 10%. Elles étaient donc accompagnées par l’Etat avec une « prime de compensation ». D’un montant de 1.400 euros, dégressive et versée sur 5 ans.

Etant donné que cette mesure des 35h était initialement destinée à créer des emplois, les entreprises qui souhaitent maintenir leurs employés à 39h, en payant les 4 heures de différence en heures supplémentaires, ou en leur allouant des jours de RTT, ne peuvent bénéficier de l’aide financière de l’Etat en compensation de la perte subie.

Plusieurs entreprises sont passées aux 35h, avant même la parution du décret, mais à l’heure de présenter la note à la Direction du Travail, c’est le désenchantement, rapporte Carla Baltus : « Aucun dispositif n’est mis en place avec l’Agence de Service et de Paiement comme prévu en fin d’année 2018 et l’Etat n’a toujours pas budgétisé cette enveloppe. » Des montants qui dépassent les 700.000 euros pour certaines, « le MEDEF Mayotte n’accepte pas cette situation d’injustice et la dénonce. »

Un préjudice social mieux côté à La Réunion

Les barrages avaient stoppé l’activité économique de l’île en mars 2018

Le ras le bol monte chez les dirigeants d’entreprise locaux, d’autant qu’ils ne se sont pas sentis épaulés pendant les mouvements sociaux de février-mars 2018, contrairement à leurs collègues réunionnais : « A Mayotte, seuls des prêts à taux zéro ont été mis en place tardivement, alors que 14 jours de grève à La Réunion ont permis aux entreprises de prétendre à une aide de 5000€ pour les entreprises de moins de 750.000€ de chiffres d’affaires. Au prorata du nombre de jours de grève à Mayotte, les entreprises de même taille devraient toucher une aide de 15.000€ et pourtant toutes les mesures mêmes symboliques (1.000à 5.000 euros d’aides par TPE) ont été rejetées. »

Le Medef Mayotte demande toujours une exonération de charges patronales pour compenser les pertes de chiffres d’affaires liées aux mouvements sociaux.

Quant aux 35h, elles concernent toutes les entreprises depuis le 1er janvier 2019. Mais au regard des retards de compensation, combien vont s’y engager ?

Surtout que certaines ont versé la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat suggérée par Emmanuel Macron en pleine crise des Gilets jaunes en décembre 2019, « tout en pensant  » toucher  » le mois suivant la prime de compensation du passage aux 35 heures »… L’heure est donc à la désillusion. Les médias sont informés de l’alerte portée au ministère des Outre-mer, et au préfet de Mayotte.

A.P-L.

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