Les deux seuls points communs entre la mobilisation locale et l’appel national, sont la date, du 5 février, « et un ras le bol des prises de parole de Macron qui faut semblant de nous entendre ».
En métropole, la CGT est à l’origine de la mobilisation qui touche plusieurs secteurs publics. Et à Mayotte, le mot d’ordre a été relayé par l’éducation nationale qui avait mobilisé le premier et le second degrés par le biais d’une intersyndicale. Difficile de donner un chiffre, avec des groupes éparpillés sur les rares zones d’ombre, mais les enseignants ont globalement répondu à l’appel, même si un décompte par syndicat ne va pas bien loin. « C’est une manifestation satisfaisante de l’Education nationale, avec une configuration différente de la métropole, mais avec le même objectif de dénoncer la politique de Macron », traduit Henri Nouri, SNES- FSU.
Les revendication habituelles reviennent sur le devant de la scène : prise en compte de l’ancienneté générale des services pour les agents ayant débuté à la collectivité de Mayotte, Indemnité générale des services, indexation à 53%, moyens insuffisants en Réseau Education Prioritaire (REP) : « A la suite du mouvement de mars, les promesses n’ont pas été tenues, notamment sur les moyens supplémentaires en poste dans les collèges. Nous comptons 27 élèves par classe, c’est 3 de plus que la moyenne de REP ».
Des classes surchargées et surchauffées
Une surpopulation scolaire également dénoncée par un petit groupe de stylos rouges, ce pendant des gilets jaunes avec signature Education nationale, « mais nous comptons aussi des assistantes sociales, des infirmières… Nous sommes une organisation apolitique et asyndicale, mais sans action à la marge pour autant, toutes les voix contestataires sont bonnes à prendre », rapporte le syndiqué et bicolore Antoine Dutarte, vêtu d’un gilet jaune, son stylo rouge à l’oreille. Il défend les conditions de travail des enseignants et des élèves : « Il faut des points d’eau pour les élèves, et des clims. On termine les trois heures de cours en nage, crevé de fatigue, non pas par les élèves qui sont vraiment sympas ici, mais par la chaleur. » Un sous équipement qu’on pourrait comparer avec une absence de radiateur dans des classes en métropole.
Ils appellent aussi à un enseignement en shimaoré dans les petites classes, pour contrer l’échec, « seuls 2% des élèves réussissent après leur départ de Mayotte ». Sur ce sujet, rappelons qu’un support pédagogique, figeant une grammaire et une orthographe, et demandé par le vice-rectorat, a été produit fin 2018.
Mélopée pour le vice-recteur
Devant le portail du vice-rectorat, en fermant les yeux, on revivrait presque un été brûlant du côté de Hyères en Méditerranée, avec des cigales déchainées… Au point que certains n’avaient pas hésité à se visser des boules Quies dans les oreilles.
A côté des enseignants, peu d’autres secteurs de la fonction publique, en dehors d’un petit effectif du Centre pénitentiaire de Majicavo, « nous sommes là en réponse à l’appel national ».
Entre deux vagues de sifflets, Rivo, secrétaire départemental du SNUipp-FSU, parvenait à se faire entendre, « certains allocations familiales sont toujours à 25% du droit commun ici. Et alors que nous demandons toujours la même indexation de 53% qu’à La Réunion, le président Macron s’interroge sur la pérennité des surrémunérations ».
Des mesures de justice qui ne seront pas évoquées en audience au vice-rectorat, confie Henri Nouri, « nous avons rencontré le vice-recteur hier, il n’y a pas d’évolution à attendre sur ces sujets. Nous devons continuer à revendiquer, mais nous ne savons pas sous quelle forme. Nous allons décider tous ensemble. »
Lors de la sortie d’une voiture de police du vice-rectorat, quelques enseignants ont bien tenté de forcer le portail, mais repoussés par les forces de l’ordre.
Anne Perzo-Lafond